Comment expliquer cette réalité au plus grand nombre?

Nous sommes la cause des Changements Climatiques, soyons la solution.
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dimanche 16 avril 2017

L'impressionnant et rapide réchauffement des océans

Alors que les climatonégationnistes essayaient de nous convaincre qu'il y avait une pause, ou même une fin, au réchauffement climatique suite au surpuissant El Nino de 1998, les océans ont continué de se réchauffer très rapidement. Il y a eu un autre super El Nino en 2015-2016 qui a lui aussi transféré rapidement une importante quantité de chaleur des océans vers l'atmosphère, ce qui a causé un réchauffement notable de l’atmosphère de près de 0,3°C en deux ans.
Apparemment, ce n'est que le début...

Souvenons-nous que 93% de la chaleur due au réchauffement climatique s'engouffre d'abord dans les océans. Si toute la chaleur emmagasinée dans les océans se retrouvait dans l'atmosphère, le réchauffement global s'établirait à plus de 35°C.

En 2011, une étude parue dans le "Geophysical Research Letters" a comptabilisé le total des données du réchauffement dans les sols, l'air, la glace et les océans. En 2012, l'auteur principal de l'étude, John Church a mis à jour son étude. Ce que Church a trouvé était renversant, le réchauffement climatique ajoutait environ 125 billions (125 000 000 000 000) de Joules d'énergie par seconde aux océans.
[NDT : Trillion en Américain = Billion  pour l'Europe continentale et le Canada Français. https://en.wikipedia.org/wiki/Names_of_large_numbers]
À titre comparatif : 1 billion de secondes = 31, 688.09 années.

Il faut dire que le Joule/seconde est une très petite unité :
  • un watt-heure vaut 3 600 joules, et un kilowatt-heure vaut 3 600 kilojoules.
  • Ça prend 4,18 joules pour élever la température d'un gramme d'eau d'1 °C.
  • 1 Térajoule (TJ) = 1012J soit 1 000 000 000 000 de Joules ou 277 778 watts/heure.
  • La bombe atomique d'Hiroshima équivalait à environ 63 TJ
Vers les années 2000, le réchauffement des océans équivalait donc à environ 2 bombes comme celle d'Hiroshima par seconde ou 63 115 200 de bombes Hiroshima chaque année... jusqu'à ce qu'arrivent les nouvelles données.
Source : Robert Scribbler

        ...plus rapidement que prévu.

Les bouées (balises) ARGO (excellent article explicatif) sont des bouées dérivantes robotisées qui descendent cycliquement à 2 000 mètres tout en mesurant température et salinité et d'autres paramètres ; 3 800 bouées ARGO sont actuellement déployées dans les océans du monde. Le programme ARGO a été initié en 1999 afin de mieux étudier et comprendre le réchauffement global.

Une fois les données des bouées ARGO compilées, on a noté un doublage du rythme de réchauffement jusqu'en 2012, c'était alors l'équivalent thermique de 4 bombes d'Hiroshima qu'on ajoutait aux océans à chaque seconde.

Puis vinrent les observations de 2013. On avait estimé que le réchauffement des océans descendait à 700 mètres de profondeur. Surprise, le réchauffement s'étend jusqu'à 2000 mètres de profondeur. Ces nouvelles données ont démontré que le réchauffement des océans avait triplé et était passé à l'équivalent thermique de 12 bombes Hiroshima par seconde, soit 756 000 000 000 000 Joules/secondes (756 TJ). Au total, ça fait en équivalent thermique 378 millions de bombes Hiroshima par année ; des chiffres tellement immenses qu'on ne peut pas se les représenter, mais c'est certainement beaucoup de chaleur.

     Une partie de cette chaleur se transfère à l'atmosphère

Il y a un cycle, "l'Oscillation Décennale du Pacifique" découvert seulement en 1997. L’oscillation décennale du Pacifique est une fluctuation sur une période de 20 à 30 ans de la température de surface sur une partie du Pacifique (source Wikipedia).

Ne pas confondre l'Oscillation Décennale du Pacifique avec l'Oscillation Australe El Nino.


Dans sa précédente phase positive (température plus élevée), qui a duré de 1977 à 1998, l'ODP a limité la quantité de chaleur entrant dans le Pacifique, ce qui a contribué à accroître la température de l'atmosphère. Mais de 1998 à 2012, l'ODP était en phase négative (froide) ce qui a contribué à limiter le taux de réchauffement atmosphérique, la chaleur s'engouffrant alors dans les océans.

Cependant, nous revoici en phase positive de l'ODP depuis 2014 et nous observons, comme prévu, une accélération du réchauffement (atmosphérique) qui a atteint les 1,2°C fin 2016 avec un puissant El Nino en surplus fin 2015. Il faut s'attendre à une hausse plus rapide du réchauffement tant que l'ODP sera en phase positive, ce qui devrait certainement durer encore une décennie. Cela risque de nous faire dépasser les fatidiques 2°C d'ici 10 ans seulement.

Mais ces cycles se dérèglent, la durée des phases varie et nous ne pouvons plus prévoir ces cycles avec autant de précision. À plus long terme, le réchauffement se poursuivra irrégulièrement, mais inexorablement.

Le tableau suivant montre les phases positives (chaudes) et négatives (froides) de l'Oscillation Décennale du Pacifique. Les années El Nino sont orangées et les années La Nina sont bleues.

Selon cet article, une nouvelle étude publiée vers le 10 mars 2017 dans le journal Science Advances, suggère que depuis 1960, qu'un étourdissant 337 zétajoules (337 suivi de 21 zéros)  d'énergie en équivalent chaleur a été ajouté aux océans depuis 1960, principalement depuis 1980.
C'est 337 000 000 000 000 000 000 000!

     Les multiples conséquences du réchauffement des océans 

Le corail blanchi pendant deux années consécutives à la Grande barrière de corail d'Australie a un «zéro potentiel» de rétablissement, ont annoncé lundi des scientifiques, car ils ont confirmé que le site a de nouveau été touché par le réchauffement de la température de la mer.

Le corail blanchi pendant deux années consécutives à la Grande barrière de corail d'Australie a un «zéro potentiel» de rétablissement, ont annoncé lundi des scientifiques, car ils ont confirmé que le site a de nouveau été touché par le réchauffement de la température de la mer.

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Le corail blanchi pendant deux années consécutives à la Grande barrière de corail d'Australie a un «zéro potentiel» de rétablissement, ont annoncé lundi des scientifiques, car ils ont confirmé que le site a de nouveau été touché par le réchauffement de la température de la mer.

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La blanchiment des coraux

Phys.org : "le corail blanchi pendant deux années consécutives sur la Grande barrière de corail d'Australie à «zéro potentiel» de rétablissement, ont annoncé lundi des scientifiques, car ils ont confirmé que le site a de nouveau été touché par le réchauffement de la température de la mer".
La Grande barrière de corail est de loin la plus vaste structure vivante sur Terre.
Source : phys.org (en Anglais)
Des océans plus chauds absorbent moins de CO2, ce qui accélère aussi le réchauffement.
Les zones mortes (la désoxygénation)

La hausse de la température des océans diminue la quantité d'oxygène dissout dans l'eau. La hausse de la température des océans engendre des "zones mortes", zones qui ne contiennent plus d'oxygène et qui causent l’asphyxie des poissons et autres créatures marines qui se retrouvent dans une de ces zones. Ces zones mortes peuvent émettre du sulfure d'hydrogène, un gaz très mortel dans l'eau comme dans l'air.

On prévoit qu'à compter de l'an 2030 à 2040la majorité des océans seront compos de zones mortes (étude en Anglais)
Une seule certitude, les océans vont continuer de se réchauffer de plus en plus rapidement.

La hausse du niveau des océans et la stratification

Quand la température de l'eau augmente, celle-ci se dilate, devient moins dense, ce qui contribue à faire augmenter le niveau des océans.

Aussi, l'eau chaude tend à se maintenir à la surface puisqu'elle est moins dense (stratification). Ceci diminue la circulation verticale de la colonne d'eau diminuant ainsi l'apport de nutriments vers la surface. Cette circulation de nutriments est essentielle aux éclosions de phytoplancton, la base de la chaîne alimentaire océanique.
Au Sud du Groenland, c'est de l'eau de fonte, douce et non salée, qui cause la stratification qui risque de déstabiliser le Gulf Stream.

Article antérieur qui risque de vous donner l'impression d'avoir les pieds dans l'eau

Cyclones et évaporation

Les cyclones sont des ouragans dans l'Atlantique ou des typhons dans le Pacifique et l'océan Indien. Un océan à la surface plus chaude a la propension d'engendrer des cyclones plus puissants comme le cyclone Cook (en Anglais), le plus puissant à frapper la Nouvelle Zélande en 50 ans. Des tempêtes de plus en plus extrêmes sont attendues, même dans l'Atlantique entre la Nouvelle Écosse et les Bermudes.

Un océan plus chaud s'évapore aussi plus rapidement, ce qui a le potentiel d'engendrer des pluies diluviennes comme on l'a dramatiquement vu en Amérique Latine et ailleurs au cours du dernier mois. Les États-Unis ont aussi été sévèrement touchés par des pluies intenses au cours de la dernière année ainsi que plusieurs villes d'Europe et d'ailleurs... Les inondations éclairs sont de plus en plus fréquentes.
Les catastrophiques inondations au Pérou le mois dernier. D'autres photos

Les algues toxiques

Capables d'empoisonner et de causer la mort de mollusques, poissons, animaux et humains, les éclosions d'algues toxiques se produisent plus fréquemment et à plus grande échelle dans une eau plus chaude (et surchargée de déversements agricoles). Ce phénomène contribue aussi à la désoxygénation.


Les autres impacts sur la vie

Premièrement, les maladies et infections se propagent plus rapidement dans une eau (ou de l'air) plus chaude.

Deuxièmement, les espèces végétales et animales sont acclimatées à une certaine température ; certaines espèces pourront possiblement migrer vers le Nord pour survivre ; à l'évidence, d'autres ne pourront pas migrer ou s'adapter.

Ensuite, la modification des températures océaniques va aussi entraîner des modifications aux courants marins. Même la circulation thermohaline alias "le grand convoyeur" qui circule du pôle Sud au pôle Nord est, et sera, de plus en plus affecté modifiant par surcroît le climat de certaines zones, comme un possible refroidissement, mais pas une ère glaciaire, sur le Nord de l'Europe ; l'Arctique s'est trop réchauffé pour qu'un âge glaciaire soit vraisemblable, sans oublier tous ces gaz à effet de serre... qui s'accélèrent.

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Article source principal (en Anglais) :

Articles connexes en Anglais :
corail blanchi pendant deux années consécutives à la Grande barrière de corail d'Australie a un «zéro potentiel» de rétablissement, ont annoncé lundi des scientifiques, car ils ont confirmé que le site a de nouveau été touché par le réchauffement de la température de la mer.

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Le corail blanchi pendant deux années consécutives à la Grande barrière de corail d'Australie a un «zéro potentiel» de rétablissement, ont annoncé lundi des scientifiques, car ils ont confirmé que le site a de nouveau été touché par le réchauffement de la température de la mer.

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https://www.scientificamerican.com/article/antarctica-rsquo-s-southern-ocean-may-no-longer-help-delay-global-warming/#

https://robertscribbler.com/2017/03/10/the-oceans-are-warming-faster-than-previously-though-rate-of-heat-build-up-is-accelerating/

https://psmag.com/climate-change-has-permanently-changed-the-great-barrier-reef-64227c9d4eec#.78o7wydiq
Nous avons largement sous-estimé la quantité de réchauffement que causerait nos émissions de gaz à effet de serre.
     Le consensus scientifique

lundi 10 avril 2017

Malgré ce que disent certains médias, il n'y a pas d'El Nino en cours

En écoutant les nouvelles sur les inondations et le mauvais temps qui a récemment sévi dans certains pays d'Amérique Latine, tel le Pérou et la Colombie ; j'ai entendu (ou lu) des commentateurs en attribuer la faute à El Nino... Mais il n'y a pas d'El Nino en cours!

Apparemment, des médias sont tenus de maintenir le doute et l'incertitude sur la cause la plus probable de ces catastrophes, le réchauffement climatique que cause nos émissions de gaz à effet de serre que nous devons cesser le plus tôt possible.

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Voici un mensonge :

El Niño ravage Lima et les côtes du Pérou
Le réchauffement climatique à lui seul explique les phénomènes météo observés : une atmosphère plus chaude contient plus de vapeur d'eau qui peut donc tomber en pluies plus intenses. C'est exactement ce qu'on observe et ce qui est prévu.

Voici une vérité :

Colombie : la coulée de boue mortelle n'est pas liée au phénomène climatique «El Nino»

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Ce document de la NOAA (en Anglais) affirme qu'il n'y a pas d'El Niño en cours, mais qu'il semble probable qu'il y en ait un qui se développe à l'automne 2017.

Voici une image récente des écarts de température à la surface du Pacifique. Bien qu'il y ait une masse d'eau chaude à l'Ouest du Pérou, cela ne constitue pas un El Nino.
Source : Earth Nullschool
Et voici une image du dernier El Niño prise en août 2015. On remarque que la zone d'eau plus chaude est nettement plus grande, mais nous verrons plus loin ce qui détermine un El Nino.
      Retour sur les El Nino et La Nina

Après chaque El Niño majeur, on doit s'attendre à un ralentissement du rythme de réchauffement, l'océan Pacifique ayant évacué beaucoup de chaleur en peu de temps. El Nino est un des 2 danseurs d'une valse au tempo irrégulier, La Nina est l'autre. La valse se nomme "l'Oscillation décennale du Pacifique".
L’oscillation décennale du Pacifique (ODP) (en anglais Pacific decadal oscillation (PDO)) est une variation de la température de surface de la mer dans le bassin de l’océan Pacifique qui déplace la trajectoire des systèmes météorologiques de manière cyclique sur une période de plusieurs décennies, habituellement de 20 à 30 ans. L’ODP est repérée par le déplacement d’une large zone chaude ou froide, de la température de surface de la mer au nord de 20 ° N.
Source : Wikipedia 
Lors d'un El Niño, les vents soufflant vers l'Ouest concentrent une bande d'eau plus chaude que la moyenne sur presque toute la longueur du Pacifique directement sur la ligne équatoriale. La Nina est tout simplement l'opposé et remplace la bande d'eau chaude par une d'eau plus froide que la moyenne.

La majorité des El Niño sont de faibles intensités et celui qui s'en vient sera aussi de faible intensité selon les premières prévisions. Les super El Nino sont plutôt rares mais difficiles à prévoir longtemps à l'avance.

Ce qui détermine s'il y a un des deux phénomènes, c'est la température de la surface de l'eau comparée à la moyenne dans la zone 5°N-5°S, 120°-170°W (carte ci-dessous) pendant 5 séquences de 3 mois consécutifs (15 mois). La zone "Niño 3.4" est l'espace dans lequel on détermine si nous sommes en présence d'un El Niño "officiel".


Comme l'explique ce site, une condition El Niño est caractérisée
  • lorsqu'un écart de la température moyenne de 0,5°C ou plus est observé dans la zone El Niño 3.4 (ci-dessus) pendant un mois et
  • l'expectation que la limite de l'index Océanique Niño (ONI) soit rencontrée pendant 3 mois et
  • une réponse atmosphérique
La Niña est caractérisée par un ONI égal ou inférieur à -0,5°C selon les mêmes critères.
 
L'intensité des El Niño et La Niña sont basés sur l'écart de température entre la moyenne et celle de la zone sur la carte (région Niño 3.4).
  • Faible = écart de plus ou moins 0.5°C à 0,9°C. Modéré = écart de plus ou moins 1°C à 1,4°C. 
  • Fort = écart de plus ou moins 1,5°C à 1,9°C. 
  • Super = écart de 2°C ou plus.

Le tableau ci-dessous montre les intensités des El Niño et la Niña de 1951 à 2017. On remarque que le premier Super El Niño s'est produit en 1982-1983 et nous savons aussi que quelqu'un né après 1984 n'a jamais connu un climat « normal », c'est-à-dire plus ou moins dans la moyenne des dix derniers millénaires.

En plus de El Niño, l'évaporation, les vents, les ouragans & typhons et autres tempêtes transfèrent aussi une partie de la chaleur accumulée dans les océans vers l'atmosphère.
93 % de l'excès de chaleur s'engouffre dans les océans. Ce sera le sujet de mon prochain article, un sujet certainement des plus importants.

jeudi 23 mars 2017

Comment expliquer l'amplification Arctique? Ça peut vous surprendre.

L'amplification Arctique, c'est tout simplement le réchauffement plus rapide de l'Arctique comparé à la moyenne globale.
L'atmosphère est une succession de couches la plus dense étant naturellement la plus proche du sol ; c'est la troposphère. Une mince couche dans laquelle se déroule l’essentiel de notre météo et tout le réchauffement. Elle est donc très active et elle est a aussi des structures et des courants.

Il ne se passe presque rien dans les couches supérieures qui risquerait d'avoir un impact significatif sur la météo. La poussière des plus gros volcans atteint la stratosphère et peut provoque un refroidissement temporaire ; on y voit aussi de rares nuages noctulescents et bien sûr, il y a la couche d'ozone qui nous y protège des dangereux rayons UV et son trou qui est lentement en voie de se résorber.


Jennifer Francis de l'Université de Rutger
La 2e loi de la thermodynamique stipule en gros : que la chaleur se transfère toujours vers le froid, et nous avons justement un surplus de chaleur...

L’épaisseur de la troposphère varie de 8 km aux pôles à 15 km au-dessus de l'équateur tout simplement parce que l'air chaud occupe plus de volume que l'air plus froid.



Les informations et graphiques qui suivent proviennent de cette conférence (en Anglais) par Jennifer Francis.

Remarque 1 - L'air chaud de l'équateur descend une pente vers les pôles et c'est un des motifs qui explique l'amplification polaire (le réchauffement plus rapide des pôles et en particulier l'Arctique). C'est toujours à l'équateur qu'il fait en moyenne, le plus chaud (voir cet article antérieur).

Remarque 2 - C'est la différence de températures entre l'équateur et les pôles (le gradient polaire) qui régule la puissance des courants-jet polaires. Quand cet écart est réduit, c'est-à-dire quand l'Arctique se réchauffe comparativement à l'équateur, cela affaiblit le courant-jet et lui fait faire des méandres Nord-Sud de plus en plus importants.


Ces méandres Nord-Sud augmentent aussi  le transport de la chaleur vers l'Arctique déjà très mal en point, et encore davantage cet hiver.

Les températures en Arctique cet hiver ont encore été anormalement chaudes (bien pire que les dernières années) ; parfois plus de 20°C et même 30°C au-dessus de la moyenne le tout accompagné par beaucoup de nuages, de pluie et de vent, (article antérieur). Ça s'est poursuivi en janvier et février 2017.

C'est l'automne que se produit le plus de réchauffement dans l'Arctique et c'est à cette période, suite à l'été, que l'océan Arctique est le plus chaud.

 

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     Perte d'albédo


À mesure que l'Arctique et l'Antarctique se réchauffent, il y a moins de surfaces blanches qui réfléchissent le rayonnement solaire vers l'espace, ce qui accroît le réchauffement aux pôles.
Selon la Dre. Francis, l'eau sans glace a un albédo de seulement 2% ; ce serait donc 98% du rayonnement solaire qui participerait au réchauffement des océans Arctique et Antarctique quand les banquises y fondent.

Cette vidéo montre comment et à quelle vitesse la glace de l'Arctique fond et est évacuée dans l'Atlantique Nord, un peu comme si l'Arctique malade, vomissait sa glace dans le détroit de Fram.

Pour avoir les sous-titres en Français, il faut :
1- Clic sur le bouton à gauche de l'engrenage
2- Clic sur l'engrenage puis sur sous-titres
3- Clic sur Traduire et une nouvelle fenêtre apparaît
4 Choisir Français (La traduction est imparfaite)
NB. Il m'arrive de devoir mettre sur pause pour avoir le temps de lire/comprendre le texte qui n'est pas très exact.

     Voyons l'état du courant-jet aujourd'hui...

Source : Earth Nullschool
Toujours disloqué et mal en point... il serait aux soins intensifs si c'était un humain.

Le courant-jet aussi transporte de la chaleur vers l'Arctique, surtout à cause des méandres Nord-Sud qu'il a développé depuis environ une décennie et qui s'amplifient au point de le disloquer.

Une hypothèse est que la température des masses d'eau chaudes et froides dérèglent aussi la trajectoire du courant-jet ou semblent favoriser ce qu'on nomme le "blocage" ; le courant-jet fait du sur place et les systèmes météo restent coincés ou suivent le même trajet l'un après l'autre. Ce serait une des causes des tempêtes et inondations hivernales successives qui ont affligé l'Angleterre quelques années de suite. Les recherches sont en cours pour comprendre les causes et conséquences des dérèglements du courant-jet car c'est le moteur météo de loin le plus important de l'hémisphère Nord.

     Les courants marins

L'océan Arctique, en plus de se réchauffer lui-même parce que albédo diminue, l'eau chaude venue d'ailleurs remonte dans l'Arctique et participe aussi au réchauffement et à la fonte des plates-formes de glace qui retiennent glaciers et inlandsis.

93,4% de la chaleur s'engouffre dans les océans. Cela veut dire que si tout le surplus de chaleur qui s'est engouffré dans les océans à cause du réchauffement climatique se retrouvait "miraculeusement" dans l'atmosphère, le réchauffement atmosphérique qu'on nomme "réchauffement global" serait de plus de 35°C au lieu de 1,2°C... L'eau étant plus dense que l'air, cela lui permet d'emmagasiner beaucoup plus de chaleur. La couleur sombre de l'eau y est aussi pour une bonne part.

Carte des anomalies de température. On voit le Gulf Stream le long de la côte Est de l'Amérique remonter vers le Nord et s'étioler aussi vers l'Est.

Ci-dessous, le courant Kuroshio (semblable au Gulf Stream) passe au Japon et une partie se dirige vers le Nord (la chaleur se déplace toujours vers le froid) et pénètre dans l'océan Arctique via le détroit de Béring entre l'Alaska et la Sibérie.


     Une cause inattendue à l'amplification Arctique

Les aérosols, vous connaissez? Avez-vous déjà entendu parler d'assombrissement global? C'est un sujet plutôt complexe qui mérite un article à lui seul... (un autre projet).

Les impacts des aérosols sur le climat sont doubles ; certains comme le SO2 refroidissent le climat et d'autres, notamment ce qu'on appelle le "carbone noir" (suie), contribuent au réchauffement même s'ils réduisent aussi "l'ensoleillement". Il y a une multitude de types de particules dans ce qu'on nomme les "aérosols". Ces particules demeurent  moins d'un mois dans l'atmosphère mais nous en produisons en continu.

Grâce aux mesures visant à améliorer la qualité de l'air, nos émissions de particules de SO2 ont considérablement diminué dans certaines parties de l'hémisphère Nord au cours des trois dernières décennies. La tendance au refroidissement global causé par les aérosols a commencé à s'inverser vers 1990 (source en Anglais).

Une partie de ces particules qui diminuait partiellement le réchauffement de l'Arctique ne sont plus là, conséquence : cela a contribué à accélérer le réchauffement de l'Arctique, et ailleurs dans l'hémisphère Nord évidemment.

L'étude (en Anglais) conclut que suite aux réductions des émissions de particules fines en Europe et en Amérique, que l'Arctique a subi un réchauffement équivalant à 0,3 W/m2 (3 dixièmes de watt par mètre carré) à cause de cette baisse de pollution au SO2.

Il faut savoir que si on cessait notre pollution atmosphérique demain matin, notre climat se réchaufferait en moins d'un mois, mais difficile de dire de combien, on dit que les aérosols ont réduit du tiers le réchauffement global, soit environ 0,4°C à 0,5°C, mais ce débat n'est pas clos, d'autres parlent de 1°C mais si on vous mentionne plus que cela, c'est simplement pour vous faire peur ; on vous manipule par la peur, c'est un truc vieux comme le monde. 

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L'Arctique n'a pas été aussi chaud depuis 2,5 millions d'années révèle cette étude en Anglais. C'est en étudiant le dernier vestige de la calotte glaciaire de Barnes situé dans la Terre de Baffin dans l'Arctique Canadien que les scientifiques en sont venus à cette conclusion
Calotte glaciaire de Barnes dans l'Arctique Canadien.

      Smog

Le terme "smog" est une contraction des mots "smoke" (fumée) et "fog" (brouillard).

Voici Londres dans son smog en 1952... les gens mouraient par centaines sans qu'on ne comprenne pourquoi. Ils ont enfin compris et décidé de limiter la consommation de charbon, ce qui a éclairci leur atmosphère et sauvé des santés et des vies...

L'histoire se répète... Voici Londres dans le smog en 2017... Presque toutes les grandes villes sont désormais prisonnières de leur smog plusieurs journées par année.

Malgré tous les instruments de vols disponibles, une centaine de vols ont dû être annulés. Article source.
Dans les techniques de Géo-ingénierie, on parle de répandre du SO2 dans la stratosphère. Apparemment, ces gens ont déjà oublié que le SO2 causait les pluies acides qui détruisent l'environnement.

Ça vaut la peine de souligner que le seul responsable est notre modèle économique à la croissance perpétuelle obligatoire sur un monde qui n'est pas infini ; et ses consommateurs aveuglés par le marketing qui suscite l'envie, pas le raisonnement.
On se fait et on se laisse manipuler ; il faut se fier aux faits et non pas aux opinions.

dimanche 19 mars 2017

Les banquises fondent et nous regardons ailleurs…

Je repartage cet article de Docuclimat


Les banquises polaires sont les alarmes criantes du réchauffement climatique.

Les températures aux pôles sont bien au dessus des normales depuis la fin de l’année 2016. Conséquences ? En Antarctique le précédent record de plus faible extension minimum de la banquise a été battu en Février 2017, et la banquise Arctique a battu son précédent record de plus faible extension maximum en ce mois de Mars. A l’heure actuelle, la banquise Antarctique reprend son embâcle saisonnière (arrivée de l’automne austral) mais en ayant toujours une extension record par rapport aux précédentes années, tandis que la banquise Arctique commence sa débâcle saisonnière (arrivée du printemps boréal) dans des conditions favorables à une débâcle prononcée, susceptible de nous amener en Septembre à un océan Arctique quasi-libre de glace si des masses d’air anormalement chaudes continuent à parcourir le cercle Arctique…

Voir ici pour les vues satellites et graphiques d’extension des banquises au jour le jour :
https://ads.nipr.ac.jp/vishop.ver1/vishop-extent.html?N (copiez-collez le lien pour pouvoir y accéder)
Un excellent bilan de l’état des banquises en Février par Claude Grandpey :
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2017/03/19/larctique-et-lantarctique-ont-encore-eu-chaud-en-fevrier-arctic-and-antarctic-still-warm-in-february/
Ainsi, une masse d’air chaud extrême (jusqu’à +30°c d’anomalies) est en train de parcourir la banquise au nord de la Sibérie, et ce jusqu’à J+7 au minimum, ce qui provoque d’ors et déjà un décrochage de l’extension de la banquise arctique… et nous n’avons pas fini d’en voir les conséquences la semaine prochaine…
Or, la banquise Arctique est mal en point à la sortie de cet hiver Boréal. En effet, son épaisseur et notamment son volume sont à des niveaux records bas, ce qui la rend d’autant plus fragile à des conditions favorables à sa débâcle…
Ne manquez pas le site de Zack Labe pour des graphiques régulièrement mis à jour sur l’état complet des banquises, notamment de la banquise Arctique (épaisseurs, volumes, extensions, aires, etc…) :
http://sites.uci.edu/zlabe/research-areas/
Evolution de l’épaisseur de la banquise depuis 1996. Source : Zack Labe
Voir ici l’évolution des anomalies de températures prévues en Arctique dans les prochains jours :
http://cci-reanalyzer.org/wx/fcst/#GFS-025deg.ARC-LEA.T2_anom

Si ces remontées de masse d’air chaudes vers le cercle Arctique continuent durant le reste du printemps et que les conditions météorologiques cet été sont favorables à sa fonte et/ou sa fragmentation, je pense qu’on battra sans problème le record de faible extension minimum de 2012, avec un océan boréal quasi sans glace…

Or les conséquences seraient catastrophiques pour la faune Arctique et pour une accélération du phénomène d’amplification polaire (très faible pouvoir albédo) et ainsi d’un réchauffement de plus en plus prononcé du cercle Arctique, et par là-même du globe, sans parler de la fonte du permafrost. Nous allons vers l’inconnu et cela n’est pas du tout réjouissant…

Voir aussi les documentaires que j’ai référencés ici sur l’Arctique, ainsi que des articles :
https://docuclimat.com/documentaires-en-streaming-par-categories/documentaires-et-ressources-sur-larctique-pole-nord/

De même sur l’Antarctique et sur la fonte des glaciers des massifs montagneux :
https://docuclimat.com/documentaires-en-streaming-par-categories/documentaires-et-ressources-sur-lantarctique-pole-sud-et-les-glaciers/

Pendant ce temps, les « puissants » de ce monde se sont réunis au G20 pour gagner quelques points de croissance en plus et se demandent surement comment profiter de la manne que créera un cercle Arctique sans glace en été et d’un Groenland de plus libéré de sa calotte polaire (riche en pétrole, métaux rares, etc…)…
Notamment en termes d’exploitation de ressources et de voies nouvelles de commerce plus rapides… Au pire se disent-ils qu’ils trouveront des solutions pour s’adapter au réchauffement climatique, voire modifier le climat, tant que l’économie pourra tourner…
Triste et tragique monde…

Mais nous ne pouvons pas regarder cela en spectateurs et se dire que les choses sont de toute manière inéluctables. Nous sommes responsables envers le vivant et les populations les plus touchés par les désastres de la société industrielle d’agir pour une nouvelle manière d’être avec notre environnement et faire tout pour stopper au plus vite nos émissions de gaz à effet de serre !

Yoann

https://docuclimat.com/
Pour une situation plus complète de ce qui se passe d’inquiétant en ce moment, notamment en début d’année 2017, n’hésitez pas à lire ces deux articles que j’ai écris :
https://docuclimat.com/2017/02/21/amplification-dangereuse-du-rechauffement-climatique-en-cours-un-debut-dannee-2017-exceptionnel-et-inquietant/
https://docuclimat.com/2017/03/01/fevrier-2017-record-absolu-de-faible-extension-de-la-banquise-antarctique-et-autres-nouvelles-marquantes-du-rechauffement-climatique/
Et encore une fois, ne manquez pas ces deux immanquables blogs sur le réchauffement climatique et ses conséquences :
http://leclimatoblogue.blogspot.fr/
https://global-climat.com/
P.S : Cet article n’a pas prétention à être exhaustif et de qualité.  J’ai moins le temps d’écrire en ce moment, d’autant plus que j’aime bien prendre le temps d’écrire des articles complet et travaillés, mais au vu de ce qui se passe actuellement de très inquiétant au niveau du réchauffement climatique et du peu de réactions et d’écho dans la presse, je ne peux m’empêcher d’écrire un petit mot sur l’état des banquises.

Je n’ai pas fait le tour de la question dans cet article, j’aurais encore beaucoup à en dire, mais j’espère que nous serons de plus en plus nombreux à en parler, à écrire là-dessus (tels que Jack du climatoblogue et Johan de globalclimat) et à nous mobiliser concrètement pour changer la situation…

Pendant ce temps, des catastrophes naturelles catastrophiques amplifiées par le réchauffement climatique continuent à frapper des populations démunies, à impacter encore plus la biodiversité et à menacer notre avenir commun sur cette planète… tels qu’au Pérou, au Chili, aux Etats-Unis, en Australie, en Inde et notamment en ce moment en Afrique de l’Est où la plus grave crise humanitaire depuis la seconde guerre mondiale est en cours (20 millions de personnes menacées de mourir de faim!) à cause d’une sécheresse historique aggravé par le réchauffement climatique…

Mais en même temps la croissance continue, donc tout va bien, n’est-ce pas?…

mardi 14 mars 2017

Pourquoi tant de variation dans les estimations de la hausse du niveau des océans? Qui croire?

J'essaie d'être une source d'information fiable mais je dois composer avec les informations et études scientifiques disponibles et courantes ; la science (la compréhension) évolue constamment... et très rapidement dans le domaine de la science climatique.
Pour comprendre pourquoi les estimations de la hausse du niveau des océans varient tellement, il faut savoir qu'il y a différentes méthodes pour en faire l'évaluation. À chaque année quand ce n'est pas aux six mois, on apprend que la fonte s'accélère ; que le niveau des océans va grimper plus haut et plus tôt que prévu...

     Commençons par le GIEC puisque c'est l'estimation la plus citée

Ce qu'il faut savoir c'est qu'à cause du lent processus de rédaction et de révisions, les rapports du GIEC, lorsqu'ils paraissent, sont appuyés sur des études scientifiques (révisées et approuvées par des pairs) vieilles d'au moins deux ans. Le processus de révision d'une étude scientifique peut à lui seul prendre 2 ans, parfois plus. Donc, entre une découverte ou une série d'observations faites scientifiquement, deux ans de délai avant  que nous en soyons informés et encore 2 ans avant que le GIEC n'en tienne compte.. À cause de l’engouement du public pour l'astronomie et du caractère différent de cette science, les  découvertes astronomiques nous parviennent beaucoup plus rapidement

Dans leur 5e rapport (AR5) paru en 2013, le GIEC prévoyait une hausse du niveau des océans d'un mètre au maximum. Mais le GIEC n'a pas inclus la fonte des calottes et glaciers dans ses prévisions ; ils ne savaient pas comment modéliser la fonte car c'est un processus très complexe et en science, on ne parle que de ce qu'on sait calculer, de ce qui est établi et vérifiable. Donc, la hausse prévue du niveau des océans dans le 5e rapport du GIEC est très principalement attribuée à la dilatation de l'eau sous l'effet de la chaleur qui a l'époque, était la cause principale de la hausse du niveau des océans.

Le prochain rapport du GIEC devrait paraître en 2018, sa rédaction est déjà entamée.

     Les estimations de fonte selon les modèles



La taille des carrés est ce qu'on
appelle la résolution du modèle.
Pour faire un modèle, ils découpent un territoire en grille. Selon leur position respective dans la réalité, on attribue un taux de fonte à chaque carré déduit selon la température moyenne connue et d'autres facteurs ayant un impact sur la fonte.

Vu que la réalité contient des variables qu'on a aussi programmé dans le modèle, on fait tourner la simulation plusieurs fois ce qui donne une "fourchette de prévisions" exemple, 10 à 20 cm de hausse du niveau des océans pour cette portion. Mais ces simulations numériques sont généralistes ; chaque carré de la grille comporte, dans la réalité, des complexités dont les modèles ne tiennent pas encore compte et qui sont par surcroît, très difficiles à prendre en compte.

La majorité des modèles de fonte sont basés uniquement sur la température atmosphérique, ils passent donc à coté de beaucoup de facteurs, comme l'écoulement de l'eau sur, dans et sous la glace et ne tiennent pas compte non plus des irrégularités et anomalies de la surface comme l'assombrissement de la neige, voyons tout ça de plus près.


     Ce dont les modèles de fonte des calottes et glaciers ne tiennent pas compte

La glace des calottes n'est pas, n'est plus en fait, lisse et blanche. La fonte, la pollution, les cendres, etc. changent l'aspect de tout ; comme ces crevasses quasi impossibles à modéliser ; du sombre, du blanc, du sale, de l'eau ; comment tenir compte de tous les différents taux de fonte d'un paysage comme celui-ci?
Des crevasses à l'origine surprenante. Quand les glaciers s'écoulent vers la mer, ils ont tendance à s'étirer, c'est cet étirement de la glace qui cause les crevasses de ce genre qu'on voit sur l'image ci-dessous. Cet étirement augmente la surface de fonte et la glace doit aussi avoir perdu en densité. Encore un phénomène complexe trop difficile à résumer en formules mathématiques (pour le moment) servant à programmer les modèles de fonte.

"Si en politique on nous dit de suivre la trace de l'argent, au Groenland, il faut suivre la trace de l'eau."

Des lacs de fonte comme on voit ici se forment et disparaissent parfois subitement . Lorsque ces lacs sont à la surface, ils augmentent le taux de fonte car leur teinte foncée absorbe beaucoup plus de chaleur venant du soleil alors que la glace blanche réfléchit ce rayonnement vers l'espace ; un autre facteur de fonte important dont les modèles ne peuvent encore tenir compte faute de formulations mathématiques.
L'eau plus chaude de ces lacs de fonte s'enfonce via des trous qu'on nomme "moulins" dans les couches sous-jacentes qui ramollissent ce qui créé parfois l'équivalent de nappes phréatiques faisant aussi fondre le Groenland de l'intérieur.
Des gens explorent un "moulin". L'intérieur du Groenland se transforme en fromage suisse. Source
Aussi, l'eau coule souvent jusqu'au fond rocheux et va lubrifier les glaciers par le dessous ce qui augmente la vitesse à laquelle ils glissent vers l'océan, et ce n'est évidemment pas pris en compte dans les modèles.

Même où la neige paraît blanche, du moins à vue d'oeil, les instruments nous révèlent qu'elle s'est assombrie ; un autre facteur qui pris à grande échelle accroît irrémédiablement le taux de fonte. Ce qui complique aussi les choses, c'est que le climat en Arctique se dérègle ; il y a de nos jours des périodes atteignant parfois deux mois sans aucune précipitation sur certains secteurs du Groenland et quand la neige fond, les saletés restent en surface ; la teinte prend alors l'apparence d'un stationnement et accroît de beaucoup le taux de fonte.
Oui oui, c'est bien une partie de la surface du Groenland ; la glace est sous la crasse.
Station d'instruments de mesure climatiques sur la calotte. Les conditions de travail sont de plus en plus dangereuses, voyez ces fissures récentes.
De très près, voici à quoi ressemblent d'autres sections qui paraissent orangées, même vu depuis l'espace. Ce sont des micro-algues qui s'installent avec la chaleur accrue et l'ensoleillement. Ça fait à peine quelques années qu'on a remarqué ce phénomène qui, évidemment, prend de l'ampleur à mesure que le climat se réchauffe et n'est pas pris en compte dans les modèles de fonte...
Ça aussi n'est pas pris en compte dans les modèles de fonte.

Cette section a été extraite de la conférence du glaciologue Jason Box ci-dessous. Pour consulter ses travaux : http://jasonbox.net/
Pour conclure la section modélisation, on pourrait dire que les modèles tentent de rattraper la réalité.
     La méthode comparative

On compare la période actuelle avec une période antérieure comme l'a fait James Hansen dans une étude qui a regroupé de 17 scientifiques et dont j'ai parlé dans cet article antérieur.

Des données datant de la précédente période interglaciaire, l'Eémien d'il y a de 131 000 à 114 000 ans (voir Wikipédia Fr) qui démontrent que, même si cette période était d'environ 1°C moins chaude (parce que l'axe de rotation était un peu moins incliné à l'époque à cause des cycles orbitaux de Milankovitch) qu'aujourd'hui (2015) que le niveau des océans était de 5 à 9 mètres plus élevé ; on doit donc s'attendre à cette hausse. Cependant l'étude de Hansen ne dit pas en combien de temps le niveau des océans va monter, il mentionne 50 ans, 100 ans et 200 ans.

C'est très peu probable que le niveau des océans monte progressivement. On doit s'attendre plus loin dans le temps à des hausses relativement rapides comme cela s'est produit dans le passé de la Terre. L'impulsion de fonte 1A, [... avec des taux estimés de 27 mm/an à 65 mm/an.]


     Une méthode vraiment pas scientifique

Il y a une troisième méthode pour évaluer la hausse du niveau des océans, la méthode "ingénieur". Elle n'est absolument pas scientifique...

Comment un ingénieur aborde-t-il la situation? Crayon, papier et un calcul simple basé sur deux données facilement disponibles.
1- le taux de fonte annuel
2- la période à laquelle le taux de fonte double (ou triple).

Le taux de fonte moyen du Groenland  280 ± 58 Gt/an.
Lors de l'année 2012-2013, le Groenland a perdu 474 Km3 de glace.

Des résidence très vulnérables. Source Ben Strauss, bstrauss@climatecentral.org

Le taux de fonte de l'Antarctique est d'environ 118 Gt/an selon la NASA et triple aux 10 ans en plusieurs endroits de l'Ouest de l'Antarctique. Qu'on le double aux 6-7 ans ou qu'on le triple aux 10 ans, ça revient sensiblement au même.

Le fait que le taux de fonte du Groenland ait récemment doublé en 4 ans est-il une nouvelle tendance ou une exception? Depuis ce temps (2014), la température moyenne globale a grimpé de plus de 0,3°C et donc du double ou du triple dans l'Arctique (0,6°C à 0,9°C) de hausse de la température en 3 ans! La Terre n'a jamais rien connu de tel.

Vu que les modèles numériques (simulations) et que la méthode comparative ne permettent pas de faire des prévisions utilisables, reste la "méthode ingénieur" ; un calcul simple qu'on peut faire sur un bout de papier : nous connaissons le taux de fonte savons qu'il triple (environ) aux 10 ans. Ça semble être le moyen le plus "juste" de prévoir le taux de montée du niveau des océans, mais ce n'est pas scientifique.

Le graphique qui suit est basé uniquement sur la hausse du niveau des océans attribuable à la fonte du Groenland. Le taux de fonte initial (2017) est établi à 300 Gt/an.
NOTE 1 : Un Km cube de glace = 1 milliard (1 Gigatonne) de tonnes d'eau.
NOTE 2 : Cela prend 380 Km3 pour élever le niveau des océans de 1mm.
Le Groenland serait donc complètement fondu vers 2085 et à lui seul, aurait fait grimper de 7,2 mètres le niveau global moyen des océans du globe. Selon l'étude comparative de James Hansen, ça cadre parfaitement dans ses prévisions (5 à 9 mètres) si on utilise la valeur intermédiaire de 75 ans.
La fonte en Antarctique, selon la même méthode de calcul, ajouterait 3,9 mètres aux 7,2 mètres pour un total de 11,1 mètres de hausse atteint en 2085. En 2045, ça fait déjà 1,43 mètres de plus aux océans ; adieu beaucoup de grandes villes, le Bangladesh, une grande portion de la Floride, etc.

Je vous recommande quand même de vous éloigner des côtes pendant que votre résidence a une bonne valeur ; ce n'est pas les climato-négationnistes qui manquent pour vous la racheter. J'ai appris cette semaine qu'en Floride, les résidences près de la côte sont de plus en plus difficiles à vendre.

     Variation du niveau des océans au cours des âges

Rappelons que la civilisation humaine n'existe que depuis 10 000 ans : quand nous avons entrepris l'agriculture. Nous sommes dans la période géologique de l'Holocène. D'autres parlent d’Anthropocène (l'ère de l'Homme), puisque nous affectons toute la biosphère et le climat, surtout depuis les derniers 50 ans, mais des géologues disent que l’Anthropocène sera un sujet d'étude pour les géologues dans quelques dizaines de milliers d'années.

Ce sont les variations orbitales nommées paramètres de Milankovitch qui sont la cause de l’alternance des périodes glaciaires et interglaciaires, et ce sont ces périodes qui déterminent le niveau des océans ; dans un âge glaciaire le niveau des océans diminue car l'eau se transfère dans les calottes polaires ; et lors d'un âge interglaciaire, la glace fond et fait remonter le niveau des océans.
L'étendue de la glace lors du dernier âge glaciaire.
Les périodes chaudes sont les périodes dites interglaciaires ; c'est à cause de la reprise d'activité des végétaux et du dégel que le taux de CO2 augmente et le CO2 étant un gaz à effet de serre, il participe à aussi la hausse de la température.

Les derniers 500 000 ans en climat : quatre âges glaciaires, de mini-âges glaciaires et quatre périodes interglaciaires...
Adapté depuis le graphique d'une des études de James Hansen par l'océanographe John Englander
Dans les conditions actuelles, je ne sais pas qui vous recommander de croire, mais vous avez du choix...

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Si vous mettez un gros monticule de glace sur votre table, vous noterez que ça prend du temps avant que la glace commence à fondre, qu'elle fondra de plus en plus vite, et qu'elle prendra plus de temps à fondre s'il fait 2°C dans votre cuisine que s'il y fait 22°C ; il fait encore relativement frais dans l'Arctique, pourtant, le Groenland fond déjà rapidement. Nous n'en sommes qu'au début.

Il y a beaucoup d’inertie dans la fonte des calottes glaciaires ; ça pourrait prendre 200 ans de fonte (ou plus) avant que le niveau des océans n'atteigne l'équilibre avec la température actuelle... car le niveau des océans est directement dépendant de la température moyenne globale. Mais la température va apparemment continuer de grimper jusqu'à au moins 4°C de réchauffement global moyen (mesure qui ne tient pas compte de la hausse importante de la température des océans).

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Je me répète : bien que la hausse du niveau des océans paraisse catastrophique, elle demeure un inconvénient mineur comparé à la hausse de la température ou l'acidification des océans.

mardi 7 mars 2017

Pouvez vous imaginer le Groenland sans glace?

Adaptation de l'excellent documentaire What Scientists Are Seeing Over Greenland (Ce que les scientifiques voient du Groenland) réalisé par Spacerip, une de mes chaînes préférées.
Les scientifiques échantillonnent, percent, extraient des carottes de glace et survolent (avec des instruments embarqués) cette immense île parce qu'ils pensent que le Groenland est un indicateur important de notre avenir.
Le Groenland vu depuis l'espace.
Le Groenland a une superficie de 2 millions de km/2 dont 81 % est recouvert d'une imposante calotte glaciaire qui atteint 3km d'épaisseur et qui fait au total 2,85 millions de kilomètres cube de glace.

La fonte complète du Groenland entraînerait une hausse du niveau des océans de 7,2 mètres. Ne pas oublier la contribution de l’Antarctique, des glaciers terrestres et la dilatation du volume des océans à cause de la chaleur ; la hausse du niveau des océans n'arrêtera pas en 2100 mais se poursuivra certainement pendant des siècles.

NOTE : La fonte est plus rapide lorsque c'est nuageux car les nuages piègent la chaleur à basse altitude et la pluie brise la surface ce qui accroît aussi le taux de fonte.
Modélisation du Groenland sans glace réalisée grâce aux balayages radar de la mission "Ice Bridge (en Anglais)"
Le Groenland est bordé par deux chaînes de montagnes, l'une à l'Est et l'autre à l'Ouest. La dépression centrale est plus ou moins au niveau de la mer. Ces chaînes de montagnes se sont formées il y a 3 à 4 millions d'années et les montagnes ont été "sculptées"par des glaciers.
Les tracés de vols de la mission Ice Bridge.
À mesure que le Groenland sera libéré de sa glace, sa masse terrestre se soulèvera lentement, phénomène géologique qu'on nomme "rebond isostatique" (le poids de la glace disparaissant, cela décompresse la croûte terrestre et l'île Groenland va lentement s'élever) ce qui participera aussi à la hausse du niveau des océans. Cet article en Français explique bien le rebond isostatique et nous apprend que le rebond isostatique du Groenland est bien amorcé.

     Petite leçon de gravité

Parlant de la hausse du niveau des océans, je vais vous expliquer pourquoi le niveau de l'eau autour du Groenland va... baisser.

La masse attire la masse, c'est le principe même de la gravité. Donc, quand le Groenland "perd de la masse" il a moins "de force d'attraction" et donc, l'eau n’étant plus attirée par toute cette masse de glace, le niveau va diminuer "un peu" et graduellement sur une distance allant jusqu'à 1 000 km. La Relativité explique les choses différemment, mais le résultat est le même.



     La fonte

La question pressante : à quel rythme fondra le Groenland? Depuis ce documentaire, plusieurs études ont été publiées et les résultats ont de quoi nous faire penser à notre avenir commun.

De 2011 à 2014, le taux de fonte du Groenland a doublé (étude en Anglais) alors qu'il doublait environ aux 6 à 7 ans dans les décennies précédentes. Durant ces 4 années, il a fondu à un rythme de 269 ± 51 Gt/an. Il a atteint 474Gt pendant une année, on peut dire que la moyenne actuelle du taux de fonte du Groenland est très près, en moyenne, de 300 Gt/an. Ajouter 118 Gt/an pour la contribution de l'Antarctique selon la NASA.
NOTE 1 : Cela prend 380 Km3  de glace fondue pour élever le niveau des océans de 1mm.
NOTE 2 : Un Km cube de glace = 1 milliards (1 Gigatonne) de tonnes d'eau.
Nous comprenons maintenant pourquoi plusieurs pensent que les estimations du GIEC de 0,5 à 1 mètre pour 2100 sont vraiment trop basses. Je vais expliquer les causes des estimations très différentes de la hausse du niveau des océans dans un article à venir.

Le processus de fonte des calottes polaires en est un qui est extrêmement complexe et dynamique et c'est pourquoi les modèles donnent toujours des résultats inférieurs à la réalité (vidéo  explicative (en Anglais) du glaciologue Jason Box).

Une des clés pour l'accélération de la perte de glace exponentielle du Groenland sont les barrières (plates-formes) de glace. Ces barrières retiennent la glace sur la terre ferme, elles agissent littéralement  comme des bouchons. Ces barrières, souvent très épaisses fondent aussi par les dessous à cause de l'eau réchauffée qui y circule ; elles fondent donc très rapidement. Quand une barrière de glace disparaît ou cède, le glacier se déverse très rapidement dans l'océan accroissant la rapidité de l'inéluctable montée des eaux.

Il y a deux décennies à peine, certains croyaient que le Groenland et l'Antarctique ne fondraient pas à cause du réchauffement climatique, que ces deux calottes étaient "immuables". Nous savons maintenant qu'elles fondent et ces "croyants" commencent à comprendre qu'ils avaient tort, la réalité actuelle le leur démontre avec une certaine furie.

Article complémentaire : La calotte groenlandaise plus instable qu'on ne le pensait.

     Carottes de glace

Camp Century est l'endroit d'où les carottes de glace sont extraites.
À chaque années les couches de neige se succèdent. Le poids de cette neige compacte les couches inférieures qui deviennent névé puis glace. Dans cette glace sont conservées des bulles d'air de l'atmosphère lorsque la couche de neige est tombée ; c'est donc une succession de couches et plus on descend, plus on remonte le temps.

C'est en analysant ces bulles d'air qu'on "lit" le taux de CO2 ou de méthane au cours de l'histoire. On y trouve aussi des cendres volcaniques ou d'antiques feux de forêt, du pollen qui nous renseigne sur l'activité végétale, les types de plantes et des isotopes d'oxygène desquels on extrait la température. Bref, c'est l'histoire du climat et de certains événements majeurs qui nous est révélé dans ces petites bulles d'air.
On voit ici ce qui restait de glace lors de l'Eémien il y a environ 115 000 ans.
     En surface

Quand la neige fond, la poussière demeure et la surface devient donc de plus en plus sombre capturant ainsi plus de rayonnement, ce qui encore une fois accélère le rythme de la fonte. Un projet nommé "Dark Snow" (neige sombre) étudie ce phénomène. Ces poussières sont des particules de pollution, des cendres de feux de forêts, etc.

Avec l'augmentation des températures, la vie s'installe aussi dans de petites cuvettes. Cette "crasse" microbienne, foncée elle aussi, a le même effet que la poussière.

Ces milliards de trous sales à la surface du Groenland, nommés cryoconite, ont le diamètre d'un doigt.


Cryoconites aux abords d'un "moulin". Source Wikipedia
Il y a aussi ces crevasses contenant de l'eau de fonte et qui ont la taille d'un bus. Un phénomène supplémentaire qui accélère la fonte.

Source, cet article "Meltdown"
     De l'eau dans la glace

Si le Groenland fond si rapidement, c'est qu'il fond par le dessus, le dessous via l'apport d'eau chaude, et par le milieu.


Lacs de fonte sure le Groenland
Dans un premier temps, ces lacs de fonte absorbent au lieu de réfléchir le rayonnement solaire, ce qui accroît le taux de fonte en surface.

Ensuite, ces eaux génèrent des fissures dans la glace et s'écoulent  dans la calotte elle-même ce qui accroît aussi le taux de fonte. Ces eaux vont ensuite s'écouler vers la mer ou descendre au niveau du sol et ainsi lubrifier les glaciers par le dessous augmentant leurs taux d'écoulement vers la mer.

Le Groenland est maintenant ainsi fissuré sur de grandes surfaces.
Fissures dans la glace causées par l’eau de fonte. L'eau s'infiltre dans ces fissures et peut descendre jusqu'au socle rocheux via ce qu'on nomme les "moulins".
Voici un "moulin". Photo : James Balog du National Geographic
Vue en coupe de la calotte du Groenland. L'eau de fonte crée l'équivalent de nappes phréatiques à l'intérieur de l'inlandsis et le fait fondre de l'intérieur.
Tout cela mène aussi à l'écoulement des glaciers vers la mer. Ici, on voit le retrait de l'impressionnant glacier Jakobshavn qui retraite de 20 mètres par jour ; c'est le taux de retrait le plus rapide d'un glacier. Si son retrait est si rapide, c'est que le Jakobshavn n'a plus de barrière ; le "bouchon" qui le retenait a complètement fondu principalement à cause de l'eau maintenant trop chaude.



Plusieurs images et informations ont aussi été tirées de cette courte vidéo.

Nous sommes en voie de dénuder le Groenland de sa glace et nous allons nous prendre les pieds dans ses vêtements... 7,2 mètres d'un vêtement devenu liquide.

Nous dénudons aussi l'Antarctique et les glaciers terrestres. Nous ne savons pas à quelle vitesse le niveau des océans va monter, mais je pense que ce sera rapide. Ça fait plus de quatre ans que je suis intensivement l'activité climatique ; à chaque année quand ce n'est pas aux six mois, les prévisions de la hausse du niveau des océans augmentent en rapidité et en mètres.

     Une conséquence lourde de conséquences

L'eau de fonte du Groenland s'étale en surface sur une portion de l'Atlantique Nord. C'est parce que l'eau de fonte n'est pas salée et est donc moins dense qu'elle flotte à la surface ; c'est la zone bleue au Sud du Groenland qu'on voit ci-dessous.
Anomalies de température de surfaces océaniques. Source : Earth Nullschool
Cela a pour effet de ralentir et même dévier la portion Gulf Stream de la circulation thermohaline qui régule la température des eaux, du Nord est de l'Amérique et du Nord de l'Europe ce qui risque de bouleverser le climat des ces régions.
Voir cet article antérieur



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J'écris pour informer, merci de partager.