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vendredi 8 décembre 2023

Réchauffement global ̶̶̶ Ce qu'on ne vous dit pas

Note : j'ai décidé d'écrire des articles plus courts au lieu de ne pas écrire du tout.

«Réchauffement global» ou «changement climatique»?

On utilise indifféremment les deux expressions, mais il y a pourtant une différence importante.

Le climat, et donc la météo, ne s'opère dans la troposphère, la couche la plus basse de l’atmosphère et qui ne mesure que 12 Km d'épaississeur en moyenne. Environ 15 km à l'équateur et environ  8 Km. aux pôles. (Les raisons : l'air chaud occupe plus de volume et aussi, la rotation de la Terre cause une sorte de bourrelet sur l'équateur. C'est aussi à cause de cette rotation que notre planète est une sphère un peu aplatie aux pôles.)

👉 Le réchauffement global quant à lui tient compte de toutes les composantes de la planète : les océans, le sol (continents), les glaces et bien sûr, la troposphère.

«Ne tenir compte que de la température de la troposphère au niveau du sol équivaut à ignorer 97,7% du «réchauffement global».

Actuellement, le réchauffement climatique mesuré est près de 1,5°C et on dépassera les 2°C dans 20 à 25 ans (environ).

Source: GIEC Rapport AR4 de 2007

Bref, le «changement climatique» est une conséquence du «réchauffement global».
Il m'a fallu écouter/lire beaucoup de scientifiques avant de comprendre cette distinction et la dernière a été par le très réputé Prof. James Hansen. 
Vidéo en Anglais sur YouTube ou l’excellent article en Français de Global-Climat.

Petit calcul simple 

Si 1,5°C = 2,3%
Quel serait la le réchauffement mesuré si toute cette chaleur y était transférée?
100%÷2.3%=43.47 
Donc multiplier 1,5°C par 43.47 = 65,217°C 
C'est une simple règle de trois qui donne une bonne approximation et c'est moins compliqué que de calculer les zeta-joules accumulés et de les convertir en degrés C de réchauffement.

Cette étude en Anglais Grantham Institute Briefing paper No 14 datant de septembre 2015 dit que si on pouvait transférer la chaleur accumulée de l'océan à notre mince troposphère, que la température  moyenne de celle-ci serait plus chaude de 36°C.
C'est très bien expliqué et avec les zêta-joules pour les amateurs avertis. 

«Réchauffement global» 

Pour mesurer la totalité du réchauffement global, les physiciens calculent la quantité de chaleur que la Terre reçoit du soleil versus la quantité mesurée du rayonnement calorique (chaleur/infrarouge) retournée vers l'espace.
Des satellites mesurent ce rayonnement à la surface de la tropopause, une mince couche entre la troposphère et la stratosphère.

La différence est exprimée en watts par mètre carré, ce qui donne le «forçage radiatif».
«En 2022, le forçage radiatif mesuré total était de 3,4 watts par mètre carré et de 
1,798 en 1979.» 
Le watt, de symbole W, est l'unité dérivée de puissance ou de flux énergétique (dont le flux thermique). Un watt équivaut à un joule par seconde. 
Puisse qu'on parle d'effet de serre on parle donc de retenue continuelle de chaleur, de nuit comme de jour. 

Mais il y a le jumeau du problème climatique, l’acidification des océans, causée par le CO2 et aux conséquences au moins aussi graves pour la vie sur cette Terre, mais dont on évite astucieusement de nous parler aux merdias corporatifs.
J'en parle un peu dans cet article «Le taux d'oxygène dans notre atmosphère diminue». Mais je devrais en reparler. C'est de la chimie, je m'y connais moins.

Quelques points 

  • Grâce à l'étude des climats antérieurs (paléoclimatologie), nous savons que jamais autant de CO2 n'a été injecté aussi rapidement dans la troposphère et les océans. Au moins 10 fois plus rapidement selon les estimations.
  • Que jamais la Terre ne s'est réchauffée aussi rapidement depuis qu'il y a de la vie sur cette planète
  • Le taux moyen de CO2 pour 2022 était de 419 PPM
  • Si on ramène tous les gaz à effet de serre à la valeur du CO2=1, nous sommes à 523 PPM d'équivalent (CO2eq) pour l'année 2022
  • La chaleurs dans les océans s’accumule au rythme équivalent à 5 bombes du genre Hiroshima  à la seconde

Prochain article : L'effet de serre  ̶̶̶  mesures, calculs et explications scientifiques

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vendredi 14 août 2020

La hausse du niveau des océans s'accélère...

La hausse moyenne du niveau des océans est passée de 3,3mm par an à 4,5mm par an au cours de la décennie 2009-2019.

Source principale : https://johnenglander.net/sea-level-rising-2-1-2-times-faster/

 
Les deux causes

  • l’accroissement de la température provoque la dilatation de l'eau qui est responsable, pour une partie, de la hausse du niveau des océans. On devrait dire «l'océan» puisque qu'ils sont liés, ne font qu'un.
  • Le plus grand responsable, c'est évidemment le fonte des calottes glaciaires  (Antarctique et Groenland)... qui s'accélère.

Il faut savoir que c'est de la hausse du niveau «moyen» dont nous parlons. Les températures, les courants, la géographie, les hausses de masses terrestres, comme la Suède, ou les baisses, comme en Indonésie, influencent le niveau «local» des océans.

La masse étant ce dont émerge ce qu'on nomme gravité, la perte de masse (glaciaire) de l'Antarctique et du Groenland va faire diminuer le niveau des océans autour de ces lieux. 

Le sol du continent Antarctique a la particularité d'être sous le niveau de la mer en bien des endroits, comme en témoigne cette carte réalisée en 2019 par une équipe de chercheurs de l'université California, Irvine

Jusqu'à deux km sous le niveau de l'océan et un km au-dessus, C'est le poids de la glace accumulée au cours de centaines de milliers d'années qui écrase la croûte terrestre.

Par surcroît, en perdant cette masse de glace qui enfonce le sol sous-jacent, cela provoque un rebond, et les terres sous ces deux endroits vont avoir tendance à s'élever au fil du temps. C'est le rebond postglaciaire.

C'est sur l'équateur que la hausse de niveau des océans sera la plus marquée. L'eau, comme tout fluide sur un globe en rotation, a tendance à s'accumuler davantage à l'équateur.

Ce graphique montre la hausse probable du niveau des océans en fonction de nos émissions de gaz qui piègent la chaleur de l'atmosphère, les «gaz à effet de serre». Nous suivons actuellement la trajectoire rouge.

Projection se la haiise du nivean des océans selon nos émissions de GES

Quelques notes

  • La hausse du niveau des océans ne peut que continuer de s'accélérer.
  • Cette hausse connaîtra des périodes de montée subite de l'ordre de 1 mètre ou 2 en une décennie ou deux.
  • Cette hausse affecte la circulation verticale causant notamment des manques de nutriments en surface.
  • Les grands courants océaniques seront aussi affectés, ce qui aura des impacts sur les climats locaux et les pêcheries.
  • Il est très difficile de prévoir quantité et vitesse de la hausse du niveau des océans car la mécanique de perte de masse des calottes glaciaires est un processus fort complexe :  «ça peut être 60cm ou 5 mètres pour 2100» dit un célèbre climatologue.

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Nouvelle étude dans cet article sur l'excellent blogue de Claude Granpey

Risque de disparition brutale de la calotte antarctique (Occidentale) avec hausse spectaculaire du niveau des océans // Risk of Antarctic Ice Sheet collapse and dramatic sea level rise

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jeudi 4 janvier 2018

Le Vortex Polaire vu de près : ou pourquoi fait-il si froid sur une grande partie de l'Amérique


S'il fait anormalement froid sur une grande partie du continent Américain, c'est qu'il fait anormalement chaud en Arctique. 
C'est quoi le Vortex Polaire?
"Le vortex polaire stratosphérique est une région d'air à grande échelle qui est contenu par un puissant courant-jet d'Ouest en Est et qui ceinture la région polaire. Le vortex polaire se forme lors de la nuit Arctique qui dure six mois aux pôles. Le vortex polaire (masse d'air cyclonique) s'étend de la tropopause, la ligne de démarcation entre la stratosphère et la troposphère (couche de l'atmosphère terrestre située au plus proche de la surface), traverse la stratosphère et s'étend jusque dans la mésosphère (au-dessus de 50 km). De faibles concentrations d'ozone et de basses températures sont associées à l'air à l'intérieur du vortex."
Source : NASA
Normalement, le Vortex polaire était d'une seule pièce et maintenu en place sur l’Arctique par le courant-jet. Mais le réchauffement climatique a affaibli le courant-jet et lui fait faire de fortes ondulations Nord-Sud (ondes de Rossby) qui parfois demeurent bloquées en place, ce qui permet à des systèmes météo de demeurer stationnaires.

C'est ce qui se produit cet hiver et c'est aussi ce qui permet à d'autres systèmes météo de prolonger des sécheresses comme en Californie et au Portugal, ou encore, à d'autres systèmes météo de déverser des quantités jamais vues de pluie.

Vortex polaire vu à environ 31 km d'altitude (10hPa) au-dessus de l'Arctique).
Notez la distorsion et la boucle en formation dans la zone supérieure gauche.
Source : Earth Nullschool à 10 hPa
Cette carte en date du 2 janvier 2018 représente les anomalies de température à 2 mètres d'altitude basée sur la moyenne de 1979 à 2000, et non pas la moyenne de base des GIEC et COP de 1880 à 1910. Par rapport à cette moyenne de 1880-1910, nous sommes actuellement à un peu de 1°C de réchauffement global moyen que les scientifiques, pas les économistes, jugeaient dangereux même dans les années 1980. C'est au moins 2°C en Arctique selon des estimations très conservatrices et c'est suffisant pour faire fondre la presque totalité de l'inlandsis Groenland.

"Les courants-jet polaires sont les principaux moteurs météo."

Source : Wikipedia
 Ça fait quelques semaines que ces zones de températures (systèmes météo) n'ont presque pas bougé. Cela veut dire que les ondes de Rossby du courant-jet sont bloquées en place. On pourrait y superposer la carte du courant-jet pour expliquer le tout en un clin-d'oeil. C'est tout de suite évident au-dessus de la Californie et de la Colombie-Britannique par exemple

Ce qui se passe en Arctique ne reste pas en Arctique
(Il a même neigé en Floride)
Source : Climate Reanalyser
Les ondes de Rossby de plus en plus prononcées dans le courant-jet se répercutent jusque dans la stratosphère et c'est ce qui cause probablement les distorsions et le scindage, ou parfois en deux ou plusieurs parties, du Vortex polaire Arctique, dont une partie descend encore cette année jusque sur le sud du continent Américain.

Voici le courant-jet au même moment vu depuis environ 10 km au-dessus du sol. Voyez à quel point il est déstructuré à cause du réchauffement climatique.
Les deux X jaunes sur l'image indiquent une division du courant-jet, signe d'un blocage à ces positions. Source : Earth Nullschool à 250 hPa
+ de réchauffement global = + de plus intenses turbulences locales
Le vortex polaire arctique et "son" courant-jet, on peut en effet dire que le courant-jet est une partie intégrante du vortex polaire, ou vice-versa.
À gauche, un vortex polaire et un courant-jet plutôt "normal". À droite, un courant-jet 'malade" et un vortex polaire scindé en plusieurs parties observé le 5 janvier 2014.
Source : NOAA
Ci-dessous, ce schéma représente les ondes de Rossby du courant-jet (malade) et les zones de températures associées : brun=chaud, bleu=froid. Les creux de vagues descendent vers le Sud et les crêtes remontent vers le Nord.

Comme le dit la Dre, Jennifer Francis :
"La vitesse Ouest-Est du courant-jet a chuté en 2012 lorsque la banquise a atteint un minimum record. Ce n'est probablement pas une coïncidence..."

C'est aussi parce que l'Arctique se réchauffe plus rapidement que tout le reste du globe que le courant-jet développe des ondes de Rossby (Nord-Sud) de plus en plus forte et aussi qu'elles se bloquent, pour parfois pour de longues périodes. Répétons que c'est la différence de température entre l'équateur et les pôles qui alimente les courant-jets polaires (il y en a un au pôle Sud). Cet écart diminuant affaiblit le courant-jet.

Le froid actuel sur l'Amérique est une répétition des quatre ou cinq dernières années, mais comme on la vu tout aussi récemment, l'Arctique a été frappée de vagues de chaleur dépassant la moyenne de plus de 20°C.

Merci pour vos riches enseignements Dre. Jennifer Francis


Pendant ce temps en Europe...

Voyez la bande de température très anormalement chaude en Russie...
Source : Climate Reanalyser


Voyez la bande du courant-jet au-dessus de la Russie. C'est elle qui y apporte la température anormalement chaude vue ci-dessus.

La situation très confuse du courant-jet au-dessus de l'Europe. Quand le courant-jet, ou de ses parties, remonte du Sud vers le Nord, c'est de la chaleur des tropiques qu'il y transporte.

Le courant-jet dédoublé est un signe que ce dernier est ploqué en place pour une "relativement longue période". La situation en Europe est donc l'inverse de celle aux USA ; il y fait anormalement chaud, surtout en Sibérie.
Je n'ai pas souvent vu le courant-jet si déstructuré...
 

2017 l'année la plus chaude sans El Nino

2017 s'est classée à quelques dixièmes de degrés de moins que 2016, année d'un super El Nino (plus gros et plus chaud) et un peu au-dessus de 2015. Le 1er super El Nino a eu lieu en 1983 et le second super El Nino s'est produit en 1998.
1,5°C semble absolument inévitable, même si c'est permis de rêver...

Merci de partager, c’est écrit pour informer.

Articles connexes :
Comment expliquer l'amplification Arctique? Ça peut vous surprendre
  
Pouvez vous imaginer le Groenland sans glace?
 
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Comme un marcheur sur une corde raide, le climat vacille, perpétuellement à la recherche d'un équilibre, mais plus il se réchauffe, plus il vacille...
Si ça peut vous intéresser, je vous recommande de vous familiariser quelque peu avec ces sites pour que vous puissiez mieux voir et comprendre la globalité des systèmes météo.

Earth Nullschool Disponible en Français. Il faut cliquer sur le mot "EARTH' pour accéder au menu qui contient plusieurs options 

Climate Reanalyser Seulement en Anglais. Offre des trucs comme l'écart de température terrestre à 2 mètres au-dessus du sol que Earth Nullscholl n'a pas et le menu par pointage change trop facilement, mais bon, faut faire avec...

Windy.com  Un troisième site dans le même style que je recommande

À nous de changer le monde : Ça commence par moi 

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vendredi 15 décembre 2017

D'importantes poussées de la montée du niveau des océans sont à prévoir... pour "bientôt"


Afin d'éviter la confusion, trois définitions avant de commencer
Banquises : glace de surface qui flotte sur l’océan et dont la surface varie au gré des saisons (et dont la fonte n'influence pas "en théorie" le niveau des océans). Mais si on est pointilleux, les marées plus fortes car plus d'eau est mobilisée et aussi l'inévitable expansion thermique de l'eau, ajoutent au niveau des océans.

Calottes glaciaires : très grand glacier de plus de 50 000 kilomètres carrés recouvrant une portion de la croûte terrestre et d'une épaisseur de plusieurs centaines de mètres voire de plusieurs kilomètres ; maintenant nommées "inlandsis". Ce sont l'Antarctique et le Groenland.


Plates-formes, plateaux  et barrières de glace sont la même chose et retiennent les glaciers bordant les deux inlandsis.
Le réchauffement climatique de cause humaine est une expérience en temps réel au cours de laquelle d'étonnantes surprises, parfois catastrophiques, nous attendent à chaque détour.
Des témoins du passé

Nous savons, grâce aux vestiges de coraux et d'autres indices, qu'il y a eu à la fin de la dernière déglaciation débutée il y a ~20 000 ans alors que des glaciers d'environ 4km d'épaisseur recouvraient le Canada (et une partie du Nord de l'Europe) jusqu'à New York et qui s'est terminée il y a ~10 000 ans, qu'il y a eu parfois de subites poussées de la montée du niveau des océans. Les récifs coralliens meurent quand il y a trop d'eau au-dessus d'eux, car ils doivent recevoir un minimum d'ensoleillement pour survivre et croître.
L’écosystème récifal est, avec les forêts tropicales, l’écosystème le plus riche en biodiversité ainsi que le plus complexe et le plus productif de la planète.
Source en Français à visiter.
C'est en étudiant à haute résolution les vestiges de récifs coralliens le long de la côte Texane qui sont morts lors de la dernière déglaciation à cause de la hausse du niveau des océans, que Pankaj Khanna, auteur principal de cette étude en Anglais, a fait ces découvertes. Il a aussi été interviewé par Alex Smith de Radio Ecoshock, une émission (anglophone) que je rate rarement.

Sa recherche démontre qu'au cours de la dernière déglaciation, il y a eu des périodes de 10 à 20 ans au cours desquelles la hausse du niveau des océans a eu d'importantes poussées de 20 mm à 40 mm par année et il affirme aussi que ça peut se produire n'importe quand dans les conditions actuelles.
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Il y a des âges glaciaires et interglaciaires. Ces variations climatiques, comme on le voit ci-dessous, résultent des cycles orbitaux, nommés cycles de Milankovitch.
ppM = parties par Milliard pour le CH4 (méthane), en rouge
ppm = parties par million pour le CO2 (dioxyde de carbone), en bleu

Il est à noter que le taux de CO2 atmosphérique varie de 140 ppm à 280 ppm au cours de ces cycles. Quand il l'a dépassé, comme lors de l'extinction Permienne, les émissions de CO2, alors causées par une activité volcanique intense et longue de milliers d'années, ont fait grimper la température globale et l'acidité des océans à des niveaux intolérables pour soutenir la Vie de cette époque : 95% des espèces marines y ont disparu de même que 75% des espèces terrestres.

Nov 2017 : nos émissions de CO2 atteignent plus 406,58 ppm  (source) et ça monte et le taux de méthane aussi grimpe (source).
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Au cours de la dernière déglaciation, le taux de montée du niveau des océans a atteint 20 mètres en moins de 500 ans et peut-être même en moins de 200 ans (Wikipedia).
Hausses abruptes du niveau des océans sont nommées en Anglais Melt water pulses (poussées d'eau de fonte).

     De nos jours

Le taux moyen actuel de la hausse du niveau des océans est de 3,4mm/an (NASA), une augmentation de 50% par rapport à avant 1993. Le réchauffement actuel se déroule 10 fois plus rapidement que tout ce que la nature, si laissée à elle-même, a pu produire au cours des dernières 65 millions d'années (source en Anglais).
En blanc, hausse du niveau des océans combinée.
En vert, contribution du Groenland
En jaune, contribution de l'Antarctique
20 ans à 50 mm par an = 1 mètre de hausse du niveau des océans! 
Il y a ~11 000 en Antarctique...

Ces profondes cicatrices laissées sur le fond marin à la même époque où sont morts les coraux mentionnés plus haut, montrent les traces qu'ont laissées les icebergs qui se sont rapidement détachés du glacier Pine Island.
Dans cet article en Anglais, on explique que l'eau  de 1°C à 2°C de plus chaude que la moyenne locale a fait tripler le taux de fonte de quatre glaciers en Antarctique. Les plateaux de glace étalés sur la mer devant ces glaciers sont  en train de se désintégrer, un a même presque totalement disparu depuis l'arrivée d'eau plus chaude. La fonte et l'écoulement de ces 4 "petits" glaciers provoqueront à eux seuls, une hausse de 1,2 mètre du niveau des océans.
Rappelons que 93% du réchauffement s'engouffre dans les océans
Une cascade d'icebergs

La partie Ouest de l'inlandsis Antarctique est la première qui rejoindra la mer. C'est celle dont nous parlons dans cet article.

Tant qu'ils sont là, les plateaux de glace étalés sur la mer devant les glaciers en bordure des calottes glaciaires agissent un peu comme un bouchon sur une vaste bouteille de champagne.

La vraie question est "quand". La vraie réponse est "beaucoup plus tôt que prévu".
On pense donc que d'ici 20 à 50 ans, ces six glaciers feront, à eux seuls, monter le niveau des océans de plus de 2 mètres, possiblement de 4 mètres...
En novembre 2009, le taux maximum d'écoulement était ~8,33 mètres par an. Suite à l'arrivée d'eau plus chaude vers 2015, la vitesse maximale d'écoulement des quatre glaciers est de 4 Km/an.
Quand on vous dit que ça s'accélère exponentiellement...
La majorité de ces quatre glaciers repose sur du sol à environ 600,46 mètres sous le niveau de l'océan. Ce qu'on vient de dire ne concerne qu'une très petite partie de l'Antarctique, voyez la partie gauche de la carte et le minuscule carré de la zone de ces quatre "petits" glaciers. Notez les autres zones de fonte sans oublier que le Groenland fond presque 50% plus rapidement.

Le glacier Pine Island, situé dans l'Ouest de l'Antarctique, a vu sa fonte et sa vitesse d’écoulement s'accélérer de façon fulgurante depuis 2015, ce qui fait dire aux glaciologues que la fonte des calottes est beaucoup plus rapide, et imprévisible, que toutes leurs prévisions.
Un iceberg de 267 km carrés s'est détaché du glacier Pine Island fin septembre 2017.

Depuis le début des observations en 1947 et jusqu'en 2015, la barrière de glace de ce glacier n'avait presque pas bougé. Mais depuis 2015, elle recule à toute vitesse ce qui permettra au glacier de s'écouler de plus en plus rapidement vers la mer : un exemple parmi d'autres.
Depuis 1950, nous sommes dans l'ère climatique moderne de "la grande accélération"
Le Pine Island et le Thwaites, d'une épaisseur de 3 km et d'une superficie équivalente à celle du Texas (696 241 km2), fondent et s'avancent de plus en plus rapidement dans l'océan vont nous apporter 3,35 mètres de hausse du niveau des océans. Leurs barrières de glace sont très affaiblis et leur vitesse d'écoulement s'accélère comme le montre le diagramme suivant. La fonte et la descente vers les océans de ces glaciers ne sera que le début car une partie de l’inlandsis  suivra rapidement, tout comme pour les autres glaciers longeant l'Antarctique et le Groenland.

De gauche à droite : le Pine Island, le Thwaites et les quatre petits mentionnés plus haut.
Si on compare la fonte des calottes glaciaires à un véhicule automobile, ce dernier aurait plusieurs accélérateurs.

Mécanisme de fonte des inlandsis

À mesure que les barrières de glace fondent et se brisent, le poids de l'inlandsis propulse ces glaciers vers l'océan de plus en plus rapidement.

Vu que ces glaciers ont une formidable hauteur, leurs falaises, de plus en plus hautes, s'écroulent sous leurs propres poids au fur et à mesure qu'elles dépassent la "ligne de sol" (grounding line), qui elle recule parce que les glaciers fondent principalement par le dessous, toujours à cause de l'eau plus chaude qui s'y engouffre.
Réactions en chaînes :
  • les plateaux disparaissent
  • les glaciers suivent en accélérant le pas
  • les inlandsis suivent en faisant de très grands pas
Ce scénario-catastrophe pourrait être amoindri seulement si nous réduisons drastiquement, et dès maintenant, nos émissions de gaz à effet de serre. Idéalement. il aurait fallu débuter cette réduction dès les premières alertes lancées par les scientifiques en 1965. sinon, dès le début des années 1990.

Ce glacier, comme les autres et l'inlandsis derrière fait environ 3km de haut. 
On nous fait croire que le temps,  c'est de l'argent, mais on ne nous dit pas que le climat, c'est la Vie.
Au Groenland, le Jakobshavn, un imposant glacier, a perdu sa barrière de glace et recule de 20 mètres par jour. C'est ce qui se prépare pour le Pine Island, le Thwaites et les autres. On a fait des modèles basés sur l'effondrement de ce glacier afin de prévoir tes taux de fonte et d'écoulement des six glaciers de l'Antarctique mentionnés. Par souci de conservatisme, ils ont coupé les données de 50% : pas pour des motifs scientifiques.


Depuis bien avant l'apparition des humains, les gigatonnes de glace se sont accumulées sur le continent Antarctique ont fait descendre la majorité du continent sous le niveau des eaux. Ces six glaciers sont sur une pente qui remonte vers l'océan et donc, l'eau plus chaude y pénètre plus profondément, accélérant fonte et l'avance des glaciers. La perte des plateaux de glace envoie des signaux aux inlandsis jusqu'à 900 kilomètres à l'intérieur de s'écouler dans la direction des barrières disparues (excellent article en Français).
On voit ici comment et à quelles vitesses l'inlandsis Antarctique s'écoule. La partie où il y a du rouge et de bleu, c'est "l'Ouest de l'Antarctique".

À deux mètres de hausse du niveau des océans, c'est 12 millions de personnes qui seraient déplacées... seulement aux États-Unis.

Même des villes comme Montréal, Québec et Chicoutimi pour ne parler que du Québec que je connais bien, sont menacées bien qu'elles ne soient pas à proprement parler des "villes côtières". Car lorsque le niveau des océans aura monté de deux mètres, le fleuve Saint-Laurent et la rivière Saguenay verront la même augmentation ; simple physique des vases communicants que nous avons apprise à l'école.

En plus, les ports, des parties de routes côtières ainsi que plusieurs aéroports de part le monde deviendront inutilisables. Comment seront acheminés les biens et principalement la nourriture? Habituez-vous à consommer local.

Et quand l'eau salée monte, elle contamine les sols beaucoup plus loin que le rivage, ce qui rendra l’agriculture impossible dans des endroits comme au Bangladesh  et contaminera, comme on le voit déjà en Floride et chez des populations insulaires les puits dans lesquels l'eau potable est puisée.

Vidéo en Anglais
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1- Clic sur le bouton à gauche de l'engrenage
2- Clic sur l'engrenage puis sur sous-titres
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4 Choisir Français (la traduction est imparfaite)



Trouver votre ville : Simulateur de hausse du niveau des océans

vendredi 26 mai 2017

Un sérieux avertissement d'extinction massive ; la désoxygénation des océans


Si le ridicule ne tue pas, comment se fait-il que l'humanité ai déclenché une extinction massive?
     Les scientifiques sonnent l'alarme (qui devrait être générale)

Nous parlons toujours d'indicateurs climatiques, tel le taux de CO2, la hausse des températures, le nombre croissant d'événements météo extrêmes, etc. mais ce sont des indicateurs de changements climatiques.
La désoxygénation des océans est un indicateur d'extinction massive.

Plus l'eau est chaude et moins elle contient d'oxygène et les océans se réchauffent très rapidement comme on l'a vu dans ce récent article ; soit l'équivalent thermique de 12 bombes atomiques comme celle qui a détruit Hiroshima à chaque seconde... révèlent les nouvelles données.
Earth nullschool (19 mai 2017) Anomalies de température des surfaces océaniques comparés à la moyenne quotidienne (1981-2011).
Ça vaut la peine de lire ce que dit Wikipédia au sujet de l'Océan.

Les océans occupent 70,8% de la surface de notre planète et ils sont essentiels pour tout ce qui vit car, entre autres, environ 60% de l'oxygène (les estimations varient de 50% à 75%) que la vie utilise est produite par le phytoplancton dans les océans. Depuis les années 1950, on estime que 40% du phytoplancton a disparu, très probablement à cause de l'acidification des océans (un autre signal d'extinction massive) qui sont 30% plus acides comparés aussi à la même époque. Leur taux d'acidité augmente d'environ 5% par décennie et c'est le CO2 qui en est le principal responsable et le SO2 produit par la combustion du charbon dans une faible mesure, mais souvenons-nous des pluies acides.

Le taux d'oxygène dissout dans les océans décroît de façon plus qu'inquiétante, et la diminution s'accélère. Le taux d'oxygène des océans décroit plus rapidement que leur température monte. Tout l'oxygène dans les océans provient de la surface.

La couleur bleue montre un faible taux d'oxygène.

Il y a une autre cause à la désoxygénation des océans, ce sont les rejets agricoles et principalement, les nitrates utilisés dans les engrais. Cela favorise ainsi la croissance d'algues, parfois toxiques, qui consomment une grande quantité d'oxygène lors de leur décomposition qui se fait en masse.
Invasion d'algues causée par les rejets agricoles et le réchauffement.
Une eau de surface plus chaude capture moins d'oxygène de l'atmosphère que de l'eau plus froide. De plus, l'eau de surface plus chaude accroît la stratification et ainsi les eaux profondes reçoivent moins d'oxygène ; il y a moins de circulation verticale lorsqu'il y a une couverture d'eau trop chaude.

Rappelons que lors de l'extinction Permien-trias il y a 250 millions d'années, 95% des espèces marines dans les océans se sont éteintes, et plus de 70% des espèces terrestres, incluant beaucoup de végétation. La désoxygénation représente presque certainement le plus grand risque pour tout ce qui vit.

Le dr. Peter Ward, spécialiste des extinctions massives, dit que les extinctions massives dues au réchauffement du climat débutent dans les océans et se propagent sur terre, et nous savons aussi que l'oxygène devient très rare sur la planète dans ce type d'extinction massive. On dit aussi que ce sont les créatures pesant moins de 3 kg qui ont le plus de chance de survie dans des conditions d’extinctions massives.

Ce sujet, finalement reconnu urgent, a été discuté pour la première fois à la COP22 de Marrakech en novembre 2016 (Bilan de la COP22).
La désoxygénation des océans est ce qui produit les mortelles zones mortes dont j'ai déjà parlé dans des articles antérieurs. Quand ces zones se forment ou se déplacent, toute la vie qui s'y retrouve piégée meurt, suffoquée. On retrouve souvent des milliers de créatures marines mortes sur les plages parfois à cause de ces zones mortes, parfois à cause d'une éclosion d'algues toxiques.

Zones mortes ou qui subissent une diminution notable du taux d'oxygène.

Dans cette étude (en Anglais), on prévoit que les zones mortes seront "largement répandues" vers 2030-2040. Dans celle-ci (aussi en Anglais), on dit que la désoxygénation des océans à l'époque du Jurassique a duré 1 million d'années.

Ces zones mortes se retrouvent souvent près des côtes car c'est là que l'eau est généralement la plus chaude. On remarque une grande zone désoxygénée autour de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve. Il y a quelques mois, on a rapporté des milliers de poissons et crustacés morts (article source)sur la côte Ouest de la Nouvelle-Écosse, on comprend maintenant pourquoi.

     Sulfure d'hydrogène

Ces zones mortes sont souvent envahies par des colonies de bactéries qui produisent du sulfure d'hydrogène, un gaz mortel même à faible concentration (seulement 200 ppm) et qui se répand aussi dans l'atmosphère. Ce gaz ne se retrouve pas que dans les océans, on en retrouve aussi dans les égouts et c'est aussi un risque important dans les fermes porcines et plus précisément près des fosses à purin.
Joggeur décédé en Bretagne : intoxication au sulfure d’hydrogène confirmée.

Émissions de sulfure d'hydrogène le long de la côte Namibienne en 2010
     Les procédés qui mènent à une extinction massive causé par un réchauffement global

Personne ne peut prévoir de date ou d'année, ce n'est pas comme avec un météorite ou une comète. Seule certitude, à moins qu'on ne trouve un remède miracle, la 6e extinction massive de l'histoire de la Terre est en route et nous sommes dans la galère.

  • Émissions de gaz à effet de serre, pincipalement du CO2 de source volcanique en ce qui concerne les extinctions précédentes et qui se fait sur des milliers, voir des dizaines de milliers d'années (nous avons réussi à faire ça en moins de 300 ans et beaucoup plus intensément depuis 1950-1975)
  • Et/ou émissions de méthane si l'Arctique s'est trop réchauffée
  • Ce CO2 provoque le réchauffement climatique et l'acidification des océans
  • Le réchauffement des océans cause une baisse du taux d'oxygène dans les océans
  • Les zones mortes océaniques se développent, se multiplient et prennent de l'ampleur
  • L'acidification des océans provoque la mort lente du phytoplancton, principal générateur d'oxygène de la planète
  • Les zones mortes émettent du sulfure d'hydrogène qui tue aussi bien sur terre que dans l'eau
  • La production d'oxygène cesse presque totalement 
      La liste des articles anglophones qui m'ont servi de sources d'information

http://climatenewsnetwork.net/warming-waters-risk-damage-by-nitrite-pollution/

https://www.sciencedaily.com/releases/2016/04/160427150914.htm

https://www.sciencedaily.com/releases/2017/05/170504104346.htm

https://www.sciencedaily.com/releases/2017/02/170215131546.htm

https://www.sciencedaily.com/releases/2017/05/170512081327.htm

http://www.fasterthanexpected.com/2017/05/10/ocean-oxygen-decline-greater-than-predicted/

http://www.fasterthanexpected.com/2017/05/08/carbon-pollution-is-suffocating-ocean-life-and-speeding-up-the-next-mass-extinction/

Et bien sûr les conférences de Peter Ward sur You Tube.

jeudi 23 mars 2017

Comment expliquer l'amplification Arctique? Ça peut vous surprendre.

L'amplification Arctique, c'est tout simplement le réchauffement plus rapide de l'Arctique comparé à la moyenne globale.
L'atmosphère est une succession de couches la plus dense étant naturellement la plus proche du sol ; c'est la troposphère. Une mince couche dans laquelle se déroule l’essentiel de notre météo et tout le réchauffement. Elle est donc très active et elle est a aussi des structures et des courants.

Il ne se passe presque rien dans les couches supérieures qui risquerait d'avoir un impact significatif sur la météo. La poussière des plus gros volcans atteint la stratosphère et peut provoque un refroidissement temporaire ; on y voit aussi de rares nuages noctulescents et bien sûr, il y a la couche d'ozone qui nous y protège des dangereux rayons UV et son trou qui est lentement en voie de se résorber.


Jennifer Francis de l'Université de Rutger
La 2e loi de la thermodynamique stipule en gros : que la chaleur se transfère toujours vers le froid, et nous avons justement un surplus de chaleur...

L’épaisseur de la troposphère varie de 8 km aux pôles à 15 km au-dessus de l'équateur tout simplement parce que l'air chaud occupe plus de volume que l'air plus froid.



Les informations et graphiques qui suivent proviennent de cette conférence (en Anglais) par Jennifer Francis.

Remarque 1 - L'air chaud de l'équateur descend une pente vers les pôles et c'est un des motifs qui explique l'amplification polaire (le réchauffement plus rapide des pôles et en particulier l'Arctique). C'est toujours à l'équateur qu'il fait en moyenne, le plus chaud (voir cet article antérieur).

Remarque 2 - C'est la différence de températures entre l'équateur et les pôles (le gradient polaire) qui régule la puissance des courants-jet polaires. Quand cet écart est réduit, c'est-à-dire quand l'Arctique se réchauffe comparativement à l'équateur, cela affaiblit le courant-jet et lui fait faire des méandres Nord-Sud de plus en plus importants.


Ces méandres Nord-Sud augmentent aussi  le transport de la chaleur vers l'Arctique déjà très mal en point, et encore davantage cet hiver.

Les températures en Arctique cet hiver ont encore été anormalement chaudes (bien pire que les dernières années) ; parfois plus de 20°C et même 30°C au-dessus de la moyenne le tout accompagné par beaucoup de nuages, de pluie et de vent, (article antérieur). Ça s'est poursuivi en janvier et février 2017.

C'est l'automne que se produit le plus de réchauffement dans l'Arctique et c'est à cette période, suite à l'été, que l'océan Arctique est le plus chaud.

 

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     Perte d'albédo


À mesure que l'Arctique et l'Antarctique se réchauffent, il y a moins de surfaces blanches qui réfléchissent le rayonnement solaire vers l'espace, ce qui accroît le réchauffement aux pôles.
Selon la Dre. Francis, l'eau sans glace a un albédo de seulement 2% ; ce serait donc 98% du rayonnement solaire qui participerait au réchauffement des océans Arctique et Antarctique quand les banquises y fondent.

Cette vidéo montre comment et à quelle vitesse la glace de l'Arctique fond et est évacuée dans l'Atlantique Nord, un peu comme si l'Arctique malade, vomissait sa glace dans le détroit de Fram.

Pour avoir les sous-titres en Français, il faut :
1- Clic sur le bouton à gauche de l'engrenage
2- Clic sur l'engrenage puis sur sous-titres
3- Clic sur Traduire et une nouvelle fenêtre apparaît
4 Choisir Français (La traduction est imparfaite)
NB. Il m'arrive de devoir mettre sur pause pour avoir le temps de lire/comprendre le texte qui n'est pas très exact.

     Voyons l'état du courant-jet aujourd'hui...

Source : Earth Nullschool
Toujours disloqué et mal en point... il serait aux soins intensifs si c'était un humain.

Le courant-jet aussi transporte de la chaleur vers l'Arctique, surtout à cause des méandres Nord-Sud qu'il a développé depuis environ une décennie et qui s'amplifient au point de le disloquer.

Une hypothèse est que la température des masses d'eau chaudes et froides dérèglent aussi la trajectoire du courant-jet ou semblent favoriser ce qu'on nomme le "blocage" ; le courant-jet fait du sur place et les systèmes météo restent coincés ou suivent le même trajet l'un après l'autre. Ce serait une des causes des tempêtes et inondations hivernales successives qui ont affligé l'Angleterre quelques années de suite. Les recherches sont en cours pour comprendre les causes et conséquences des dérèglements du courant-jet car c'est le moteur météo de loin le plus important de l'hémisphère Nord.

     Les courants marins

L'océan Arctique, en plus de se réchauffer lui-même parce que albédo diminue, l'eau chaude venue d'ailleurs remonte dans l'Arctique et participe aussi au réchauffement et à la fonte des plates-formes de glace qui retiennent glaciers et inlandsis.

93,4% de la chaleur s'engouffre dans les océans. Cela veut dire que si tout le surplus de chaleur qui s'est engouffré dans les océans à cause du réchauffement climatique se retrouvait "miraculeusement" dans l'atmosphère, le réchauffement atmosphérique qu'on nomme "réchauffement global" serait de plus de 35°C au lieu de 1,2°C... L'eau étant plus dense que l'air, cela lui permet d'emmagasiner beaucoup plus de chaleur. La couleur sombre de l'eau y est aussi pour une bonne part.

Carte des anomalies de température. On voit le Gulf Stream le long de la côte Est de l'Amérique remonter vers le Nord et s'étioler aussi vers l'Est.

Ci-dessous, le courant Kuroshio (semblable au Gulf Stream) passe au Japon et une partie se dirige vers le Nord (la chaleur se déplace toujours vers le froid) et pénètre dans l'océan Arctique via le détroit de Béring entre l'Alaska et la Sibérie.


     Une cause inattendue à l'amplification Arctique

Les aérosols, vous connaissez? Avez-vous déjà entendu parler d'assombrissement global? C'est un sujet plutôt complexe qui mérite un article à lui seul... (un autre projet).

Les impacts des aérosols sur le climat sont doubles ; certains comme le SO2 refroidissent le climat et d'autres, notamment ce qu'on appelle le "carbone noir" (suie), contribuent au réchauffement même s'ils réduisent aussi "l'ensoleillement". Il y a une multitude de types de particules dans ce qu'on nomme les "aérosols". Ces particules demeurent  moins d'un mois dans l'atmosphère mais nous en produisons en continu.

Grâce aux mesures visant à améliorer la qualité de l'air, nos émissions de particules de SO2 ont considérablement diminué dans certaines parties de l'hémisphère Nord au cours des trois dernières décennies. La tendance au refroidissement global causé par les aérosols a commencé à s'inverser vers 1990 (source en Anglais).

Une partie de ces particules qui diminuait partiellement le réchauffement de l'Arctique ne sont plus là, conséquence : cela a contribué à accélérer le réchauffement de l'Arctique, et ailleurs dans l'hémisphère Nord évidemment.

L'étude (en Anglais) conclut que suite aux réductions des émissions de particules fines en Europe et en Amérique, que l'Arctique a subi un réchauffement équivalant à 0,3 W/m2 (3 dixièmes de watt par mètre carré) à cause de cette baisse de pollution au SO2.

Il faut savoir que si on cessait notre pollution atmosphérique demain matin, notre climat se réchaufferait en moins d'un mois, mais difficile de dire de combien, on dit que les aérosols ont réduit du tiers le réchauffement global, soit environ 0,4°C à 0,5°C, mais ce débat n'est pas clos, d'autres parlent de 1°C mais si on vous mentionne plus que cela, c'est simplement pour vous faire peur ; on vous manipule par la peur, c'est un truc vieux comme le monde. 

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L'Arctique n'a pas été aussi chaud depuis 2,5 millions d'années révèle cette étude en Anglais. C'est en étudiant le dernier vestige de la calotte glaciaire de Barnes situé dans la Terre de Baffin dans l'Arctique Canadien que les scientifiques en sont venus à cette conclusion
Calotte glaciaire de Barnes dans l'Arctique Canadien.

      Smog

Le terme "smog" est une contraction des mots "smoke" (fumée) et "fog" (brouillard).

Voici Londres dans son smog en 1952... les gens mouraient par centaines sans qu'on ne comprenne pourquoi. Ils ont enfin compris et décidé de limiter la consommation de charbon, ce qui a éclairci leur atmosphère et sauvé des santés et des vies...

L'histoire se répète... Voici Londres dans le smog en 2017... Presque toutes les grandes villes sont désormais prisonnières de leur smog plusieurs journées par année.

Malgré tous les instruments de vols disponibles, une centaine de vols ont dû être annulés. Article source.
Dans les techniques de Géo-ingénierie, on parle de répandre du SO2 dans la stratosphère. Apparemment, ces gens ont déjà oublié que le SO2 causait les pluies acides qui détruisent l'environnement.

Ça vaut la peine de souligner que le seul responsable est notre modèle économique à la croissance perpétuelle obligatoire sur un monde qui n'est pas infini ; et ses consommateurs aveuglés par le marketing qui suscite l'envie, pas le raisonnement.
On se fait et on se laisse manipuler ; il faut se fier aux faits et non pas aux opinions.

samedi 25 février 2017

Un risque de refroidissement rapide dans l’Atlantique Nord

Merci à global-climat pour son accord a republié son excellent articles sur ce blogue. Visitez le souvent, il regorge d'excellent articles.


Une nouvelle étude publiée dans Nature Communications alerte sur le risque de voir un refroidissement important dans l’Atlantique Nord. Pour la première fois, des chercheurs se sont focalisés sur les conséquences d’une réduction brutale de la convection océanique dans une région clé, la Mer du Labrador. Leur conclusion : même sans un effondrement de la circulation thermohaline dans son ensemble, l’Atlantique Nord pourrait connaître un sérieux coup de froid.


Une équipe d’océanographes du laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux (CNRS/Université de Bordeaux) et de l’Université de Southampton vient d’évaluer pour la première fois le risque d’un refroidissement rapide dans l’Atlantique du Nord en relation avec un effondrement de la convection océanique dans la Mer du Labrador. Leurs résultats sont publiés dans Nature Communications.


La Mer du Labrador, au sud-ouest du Groenland, est une des régions de convection de l’Atlantique Nord où la formation d’eau profonde alimente un système de courants à grande échelle, la circulation océanique méridienne de retournement Atlantique, autrement connue comme AMOC ou circulation thermohaline. Avec l’AMOC, les courants océaniques en surface apportent les eaux subtropicales chaudes vers l’Atlantique Nord où, leur refroidissement les fait plonger en profondeur dans les régions de convection. 

Ils  retournent ainsi vers sud.  Ce système est donc responsable d’un transport de chaleur nette vers l’Atlantique du Nord.

Représentation schématique de la circulation dans la mer du Labrador, au cœur du gyre subpolaire schématisé par le contour rouge. Crédit : Giovanni Sgubin – EPOC.
Représentation schématique de la circulation dans la mer du Labrador, au cœur du gyre subpolaire schématisé par le contour rouge. Crédit : Giovanni Sgubin – EPOC.

A plusieurs reprises, depuis la fin de la dernière glaciation, il y a 20 000 ans, l’AMOC s’est déjà effondrée de façon brutale – en l’espace d’une décade ! – ramenant le climat à des conditions glaciaires en Europe. Dans les conditions climatiques actuelles, on estime qu’une interruption brutale de l’AMOC produirait une baisse de 5°C de la température dans l’Atlantique du Nord.


Le rapport du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, estime qu’il y a de fortes chances pour que l’AMOC ralentisse au cours du XXIe siècle, mais cela serait très progressif. Un arrêt complet, qui entraînerait une chute rapide de la température de l’Atlantique du Nord, n’aurait que de très faibles chances de se produire au cours du siècle.


Les auteurs de l’article publiés dans Nature Communications ont réexaminé une quarantaine de modèles climatiques de dernière génération (CMIP5) en se concentrant sur la possibilité d’une interruption de la convection dans la Mer du Labrador. « Un arrêt de la convection océanique dans la Mer du Labrador n’aurait pas les mêmes effets catastrophiques qu’une interruption de la circulation thermohaline, mais cela peut avoir un impact important sur les évolutions des températures en Europe de l’ouest et dans l’est de l’Amérique », précise d’abord Giovanni Sgubin, l’auteur principal de l’étude.


« La convection dans la mer du Labrador alimente l’AMOC, mais elle contribue seulement de façon partielle au flux total de l’AMOC », continue Giovanni Sgubin. « Donc, si une interruption de la convection dans le Labrador se déclenche, l’AMOC ne va pas forcement s’interrompre ». Cela a incité les chercheurs à évaluer la possibilité d’un refroidissement dans l’Atlantique du Nord en raison de changements locaux dans la Mer du Labrador plutôt que en raison de changements à grande échelle de l’AMOC.

Circulation océanique thermohaline montrant la remontée d'eau chaude (en rouge) vers les hautes latitudes et le plongeon des eaux froides et salées (en bleu) qui reviennent vers le sud pour former une boucle (source : Wikipedia)
Circulation océanique thermohaline montrant la remontée d’eau chaude (en rouge) vers les hautes latitudes et le plongeon des eaux froides et salées (en bleu) qui reviennent vers le sud pour former une boucle (source : Wikipedia)


Normalement, avec la convection, une masse d’eau froide et dense s’enfonce dans l’océan grâce à un mélange entre eaux superficielles et eaux des profondeurs, qui provoque un flux de chaleur nette vers l’atmosphère. Il y a deux ingrédients nécessaires pour déclencher la convection dans le Labrador : des températures de l’atmosphère très froides (en hiver), et une stratification faible. La stratification mesure les variations verticales de la densité de l’eau.

Si une couche plus profonde est plus dense que la couche juste au-dessus, il y a une condition de stratification stable qui entrave le mouvement entre les deux couches et l’échange de chaleur vertical. Le changement climatique pourrait conduire à des conditions de stratification trop élevées dans la mer du Labrador pour pouvoir activer le mélange entre eaux superficielles et eaux des profondeurs en hiver et donc le phénomène de convection.


Parmi le 40 modèles climatiques étudiés, 17,5% projettent un arrêt complet de la convection dans cette région, avec comme résultat un refroidissement abrupt  (2 ou 3 degrés en moins de dix ans) de la mer du Labrador et de fortes baisses des températures dans les régions côtières de l’Atlantique Nord. Ce refroidissement lié à l’interruption de la convection est donc principalement le résultat d’une diminution drastique des échanges de chaleur entre les couches profondes de l’océan et l’atmosphère dans la région du Labrador.


Ce résultat pourrait apparaître de prime abord comme plutôt rassurant, vu que la plupart des modèles ne reproduisent pas un tel événement abrupt. Mais les chercheurs ont noté que tous les modèles ne sont pas capables de reproduire de façon réaliste la stratification dans la mer du Labrador, une variable clé pour la reproduction correcte des mécanismes de convection. Pour cette raison, ils se sont penchés sur les 11 modèles les plus capables de simuler la stratification observée. Parmi ces modèles, 45,5% montrent un effondrement des processus de mélange vertical profond dans la Mer du Labrador au cours du XXI siècle. Des processus qui se produisent normalement en hiver. En tenant compte de la fiabilité des modèles, le risque d’un refroidissement brusque en mer du Labrador apparaît donc bien plus élevé que ce qui prévu dans l’ensemble CMIP5.


Toutes les simulations reproduisant une interruption de la convection dans le Labrador, montrent qu’une diminution de salinité est le processus dominant dans le déclenchement de cet événement. Cela cause une augmentation de la stratification et l’interruption de la convection. En raison du réchauffement climatique, certains scientifiques craignent que la fonte des glaces du Groenland rejette suffisamment d’eau douce dans l’Atlantique Nord pour bouleverser la circulation océanique. Mais ce mécanisme n’a pas été pris en compte dans l’étude parue dans Nature Communications. 

Dans les modèles étudiés par Giovanni Sgubin et ses coauteurs, la diminution de la salinité dans la mer du Labrador est liée à deux phénomènes favorisés par le réchauffement climatique global : l’accélération du cycle hydrologique avec une augmentation des précipitations dans la Mer du Labrador et une changement de circulation océanique, dont une ralentissement du gyre subpolaire, c’est-à-dire de la circulation cyclonique horizontale caractérisant la Mer du Labrador.

Exemple d'un refroidissement rapide dans le gyre prédit par l'une des projections climatiques. A gauche : évolution temporelle de la température de surface de la mer. A droite : écarte entre la température de l'air à la surface de la mer, entre le début et la fin du XXIe siècle. Crédit : Giovanni Sgubin – EPOC.
Exemple d’un refroidissement rapide dans le gyre prédit par l’une des projections climatiques.
A gauche : évolution temporelle de la température de surface de la mer.
A droite : écarte entre la température de l’air à la surface de la mer, entre le début et la fin du XXIe siècle. Crédit : Giovanni Sgubin – EPOC.


Les modèles climatiques, en fait, ne simulent pas l’afflux d’eau douce issue des calottes et des glaciers. L’apport d’eau douce dans l’océan dû à la fonte des glaces du Groenland n’a donc pas pu être considéré. Mais les auteurs de l’étude ne sous-estiment pas son influence. « Vu que la diminution de salinité semble être une composante clé pour produire une interruption de la convection dans les modèles, l’apport d’eau douce du Groenland peut être une élément de plus augmentant la probabilité que cet événement abrupt se produise », précise Giovanni Sgubin.

L’un des défis de la prochaine génération de modèles climatiques est de tenir compte de ce processus. La fonte du Groenland risque donc de renforcer la conclusion de l’étude : la possible interruption de la convection dans la Mer du Labrador. Résultat, le refroidissement dans l’Atlantique Nord serait plus probable que ne le suggèrent les modèles climatiques.


Les observations récentes du climat montrent que quelque chose d’étrange se passe déjà dans l’ l’Atlantique Nord. La région subpolaire au sud de la Groenland, y compris la Mer du Labrador, est quasiment la seule du monde à ne pas s’être réchauffée depuis le début du XX siècle. On parle du soi-disant « cold blob », caractérisant une région circonscrite de l’Atlantique Nord en contre-courant avec la tendance à l’augmentation des températures observée au niveau global.

Anomalies de températures en hiver 2013 et 2016 (par rapport à la période 1900-1950) : on voit une zone froide au sud du Groenland. Source : NASA GISS.
Anomalies de températures en hiver 2013 et 2016 (par rapport à la période 1900-1950) : on voit une zone froide au sud du Groenland. Source : NASA GISS.

Ce contraste serait l’une des manifestations de l’affaiblissement de l’AMOC, selon une étude parue fin mars 2015 (Nature Climate Change), signé par des chercheurs emmenés par Stefan Rahmstorf, du Potsdam Institute for Climate Research. 

Les scientifiques estimaient alors que le réchauffement climatique global dû aux émissions humaines de gaz à effet de serre avait déjà commencé à ralentir sérieusement la circulation thermohaline, de façon plus prononcée que dans les modèles climatiques. Cela serait la cause principale de l’apparition, dans les observations climatiques, d’un « cold blob » dans l’Atlantique du Nord. Or, compte tenu des résultats publiés dans Nature Communications par Sgubin et al., ce phénomène pourrait avoir une interprétation alternative : l’effet d’un changement de la convection dans la Mer du Labrador pourrait être aussi responsable d’un refroidissement local dans l’Atlantique du Nord.

Référence : Abrupt cooling over the North Atlantic in modern climate models, Giovanni Sgubin, Didier Swingedouw, Sybren Drijfhout, Yannick Mary & Amine Bennabi. Nature Communications, 15 février 2017. DOI: 10.1038/ncomms14375.