Comment expliquer cette réalité au plus grand nombre?

Nous sommes la cause des Changements Climatiques, soyons la solution.
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samedi 18 novembre 2017

#COP23 De l'inutilité des COP

Désolé pour mon absence, c'est la Vie ça aussi.
J'ai passé les 5 à 6 dernières années à apprendre et comprendre le réchauffement climatique. Au cours des derniers 30 mois, j'ai tenté de vous l'expliquer sur ce blogue.  J'en ai appris beaucoup et j'espère que vous aussi. Le plus important à retenir est qu'il faut agir.
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Le climat de la Terre est remarquablement stable depuis 10 000 ans, c'est ce qui a permis l'émergence de l'agriculture et conséquemment, la venue de civilisations. Mais combien de degrés de réchauffement suffisent pour déstabiliser l'équilibre climatique? Et possiblement pour toujours, sans possibilité de retour en arrière...

Nous savons que si le réchauffement se stabilisait à 1°C, que c'est déjà suffisant pour faire grimper le niveau des océans de 5 à 9 mètres et d'accroître significativement la probabilité d'événements météos extrême : La Très Controversée Étude du Célèbre James Hansen et son Équipe

Sans l'ombre d'un doute, il y a ce risque que nous observons actuellement de déclencher des boucles à rétroaction positives, c'est à dire  qui accélèrent le réchauffement climatique et déclencheront, tôt ou tard. d'autres boucles à rétroaction positives vers un réchauffement de plus en plus puissant et rapide, jusqu'à...
Le déstabiliser au point de déclencher une 6e extinction de masse... 
Nous sommes sur la trajectoire qui garantit beaucoup plus que 2°C de réchauffement global moyen, le double ou le triple. Rappelons que le réchauffement s'est accéléré davantage depuis l'an 2000 et que ce que l'on nomme «la grande accélération» en science climatique débute en 1950.
On voit que le climat se refroidissait très lentement et que depuis le début de l'industrialisation (1850), qu'il se réchauffe très rapidement à cause de nos émissions de gaz à effet de serre. Notez «la grande accélération» depuis 1950.
Jamais la Terre ne s'est réchauffée si rapidement
.
Ça fait (au moins) 25 années que tous nos politiciens et industriels savent que nous détruisons notre maison, la biosphère (une très mince couche d’environ 25km d’épaisseur autour de la planète Vie) et ils ne font toujours rien, sauf de faire semblant qu’ils s’en préoccupent… en faisant un max de profits. On doit croire qu'ils sont mal informés?

Ça fait 25 années que Severn Cullis-Suzuki a parlé avec beaucoup d’aplomb à nos représentants lors du sommet de la terre tenu à Rio en 1992. Elle avait 12 ans à l’époque. Écoutez-la attentivement et sachez qu'il y a d’autres jeunes qui poussent sur les poussifs.

Et ça fait depuis 1965 que le président Américain de l’époque (et conséquemment presque tous les autres de l'Occident) a été averti des risques du réchauffement global comme on l’appelait à l’époque, car ceux avec une bonne longue vue (métaphore pour instruments & méthode scientifiques) voyaient déjà la fumée des catastrophes climatiques à venir. Aujourd’hui par contre, environs 70% des Américains sont convaincus de la réalité du changement climatique et près de 50% de sa dangerosité et dont la civilisation moderne est la seule cause, parce que nous utilisations à outrance des combustibles fossiles, principalement de la part des riches : nous les occidentaux. Article à lire

Les profits sont une dépendance mortelle... pour les autres.

La pétrolière EXXON savait dès 1981, suite à des conclusions de ses chercheurs, que les émissions de CO2 causées par le fait de brûler des combustibles fossiles aurait des conséquences désastreuses sur le climat et donc sur l'ensemble de la vie. Oubliez vos théories conspirationnistes farfelues, souvent soutenues par l'industrie des combustibles car : EXXON savait

Si les taux atmosphérique de CO2 et de méthane (CH4) augmentent à un taux catastrophique, c'est qu'il y a deux causes : notre consommation augmente sans qu'on se soucie des impacts, parce que les puits de carbone (végétation, sols et océans) en absorbent de moins en moins et même commencent émettent des quantités de plus en plus importantes. Nous avons dépassé la limite de ce que la nature peut absorber : la Biosphère fait une indigestion.

Les promesses de la COP21 étaient vides, la preuve, elles nous garantissent 3°C à 5°C de réchauffement global moyen selon la trajectoire actuelle (pas 1,5 à 2°C) : ce sera donc le double ou le triple Arctique et en Antarctique avec de sévères conséquences catastrophiques pour bien des gens et pour d'autres créatures vivantes avec lesquelles nous partageons cette plus qu’exceptionnelle espace de vie.

Nos émissions de CO2 augmentent encore au lieu de diminuer comme le démontre le graphique suivant tiré de cette étude scientifique (en Anglais)


Rien n'est plus dangereux que de donner l'illusion de s'occuper du problème et de ne rien faire. Imaginez si les pompiers ne faisaient que semblant d'éteindre le feu qui ravage votre maison? La situation actuelle n'est pas la faute de tous les humains, mais des plus riches et de ceux qui veulent vivre comme les plus riches et qui consomment sans penser aux autres être vivants.
Si on laisse faire nos politiciens, ils vont tous nous tuer.
Chris Hedges

Le cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète

«La Terre est notre seule maison»

15 364 scientifiques de 184 pays lancent un cri d’alarme sur l’état catastrophique de la biosphère. Ils étaient 1 700 à le faire en 1992 pour le « Sommet de la Terre ». Ceux et celles qui ne sont pas inquiets pour l’avenir de leurs enfants ont la tête profondément enfoncée dans leur petit nombril ou dans le sable… bitumineux. Par surcroît, la population mondiale a gonflé de 2 milliards d’humains depuis 1992.
Le «tweet» du scientifique Jason Box a frappé dans le mille et a fait des vagues. C'est un glaciologue qui passe sa vie à étudier les mécanismes de la fonte du Groenland disait :
«Quand votre boulot quotidien est la fin de la civilisation humaine»

Voici 13 de leurs recommandations qu’on devrait juger essentielles pour la survie de la Vie

Les transitions vers la durabilité peuvent s’effectuer sous différentes formes, mais toutes exigent une pression de la société civile, des campagnes d’explications fondées sur des preuves, un leadership politique et une solide compréhension des instruments politiques, des marchés et d’autres facteurs. Voici – sans ordre d’urgence ou d’importance – treize exemples de mesures efficaces et diversifiées que l’humanité devrait prendre pour opérer a transition vers la durabilité :
  1. privilégier la mise en place de réserves naturelles marines et terrestres interconnectées, correctement financées et correctement gérées, destinées à protéger une proportion importante des divers habitats terrestres, marins et aériens.
  2. préserver les services rendus par la nature via les écosystèmes en stoppant la conversion et la destruction des forêts, prairies et autres habitats originels ;
  3. restaurer sur une grande échelle les communautés végétales, notamment les prés et les forêts ;
  4. ré-ensauvager des régions abritant des espèces endémiques, particulièrement les prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire loups, lions requins, etc.), afin de rétablir la dynamique et les processus écologiques ;
  5. développer et adopter des instruments politiques adéquats pour lutter contre la destruction de la faune, le braconnage, l’exploitation et le trafic des espèces menacées ;
  6. réduire le gaspillage alimentaire par l’éducation et l’amélioration des infrastructures ;
  7. promouvoir une réorientation du régime alimentaire vers une nourriture d’origine essentiellement végétale ;
  8. réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore ;
  9. multiplier les sorties en extérieur pour les enfants afin de développer leur sensibilité à la nature, et d’une manière générale améliorer l’appréciation de la nature dans toute la société ;
  10. désinvestir dans certains secteurs (pétroliers, pesticides, armements) et cesser certains achats afin d’encourager un changement environnemental positif ;
  11. concevoir et promouvoir de nouvelles technologies vertes et se tourner massivement vers les sources d’énergie renouvelables et durables tout en réduisant progressivement les aides financières à la production d’énergie des combustibles fossiles ;
  12. revoir notre économie afin de réduire les inégalités sociaux-économiques et faire en sorte que les prix, les taxes et les dispositifs incitatifs prennent en compte le coût total réel de nos habitudes de consommation pour protéger l’environnement ;
  13. déterminer à long terme une taille de population humaine (actuellement 7,5 milliards) soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant du soutien des pays et des responsables des sociétés de ce monde pour atteindre cet objectif vital (sans les exterminer bien sûr).
Voir le document original en Anglais. 

En bref, il faut s’éduquer soi-même. Nous aurions besoin de 5 planètes  habitables pour vivre tous comme les Canadiens, les Américains ou les Australiens et nous sommes tous sur la seule et unique Terre.

Vous avez entendu parler de la présumée limite de 2°C qu'il ne faudrait pas dépasser?

2°C est l'idée d’un économiste Américain des années 1970 et qui a réussi à survivre au GIEC sans aucune analyse scientifique rigoureuse??? Non! L’économie n’est pas une science, c’est beaucoup plus comme une religion car il faut «croire en la valeur de l’argent» sinon, le système s’écroule comme une religion désuète et est aussi basée sur une fausse prémisse : les gens consomment rationnellement alors que c'est le contraire que le marketing démontre. À ce rythme, l'économie va s'écrouler tôt ou tard de toute façon et je suis conscient que rendu à ce point, ce sera catastrophique pour tous.
L’économie, cette nouvelle "religion" prétend que sa croissance est essentielle : rien ne peut grandir indéfiniment.
Le physicien James Hansen soutenait que même un seul degré C de réchauffement serait dangereux  car il provoque 5 à 9 mètres de hausse du niveau des océans (si on se stabilisait à 1°C) et une météo très chaotique : est-ce un risque acceptable? La Très Controversée Étude du Célèbre James Hansen et son Équipe
L'argent ne se mange ni se boit, et ne donne pas la Vie
Nous sommes en train de dépasser allègrement le 1°C. Il faut voir les conséquences actuelles. La Terre a Dépassé le Max d'Absortion Carbone – Sans que Personne ne le Remarque

Il n'y a pas que le climat de l'atmosphère et le taux de CO2

Les océans sont une composante maîtresse du système climatique. Ils absorbent 93% de la chaleur et 50% du CO2. On oublie toujours l’acidification des océans qui détruit le phytoplancton, principale source d'oxygène (40% de disparu à cause de l'acidification) de la biosphère. L’acidification s'attaque à tout ce qui a une coquille ou un exosquelette, des huîtres aux crabes en passant par le krill.
Le taux d'oxygène de notre atmosphère diminue
La toile de fond de la vie océanique se désagrège...
Comme on le constate, le taux de méthane, qui se mesure en parties par milliard et non en parties par million. On estime que le méthane représente 50% du réchauffement climatique causé par le CO2, mais cet écart diminue car le taux de méthane augmente nettement plus rapidement...
Pourquoi le taux de méthane augmente-t-il si rapidement?
Il y a de plus en plus d'élevages de bovinés (qui produisent 11% plus de méthane que ce qu'on pensait il y a moins d'un an).

Les importantes fuites des installations de gaz naturel. L’Oklahoma, état Américain où se fait beaucoup de fracturation hydraulique pour extraire du gaz naturel émet autant de méthane que tout le reste des états sur le continent.
 En surplus, le nombre de tremblements de terre annuelle y est passé de 3 à plus de 500 à cause de la fracturation hydraulique. Article parue dans Le Monde

J’ai souvent parlé du méthane de l'Arctique. Je m’informe à plusieurs sources et apparemment, la « bombe méthane de l’Arctique » est réelle et a un puissant potentiel de réchauffement climatique ; c'est nous qui l'amorçons et ce qu'on tente de désamorcer, c'est la panique, pas la bombe!

L’arctique se réchauffe au moins plus de deux fois plus rapidement, jusqu’à 7°C à Barrow, Alaska comparé à 1°C de réchauffement global moyen. Le méthane s’échappe de plus en plus du pergélisol (terrestre et sous-marin) Arctique. Les estimations sont que d’ici 2100, il pourrait s’échapper de 50 à 250 gigatonnes de de méthane et de CO2, ce qui amplifierait rapidement le réchauffement climatique, déjà très grave.

Le méthane qui s'échappe du pergélisol Arctique à mesure qu'il dégèle...
Et ça, à environ 0.95°C de réchauffement atmosphérique global moyen...
J'aimerais bien savoir où c'en est rendu en 2017 avec 1°C et des hivers encore plus courts et secouées de vagues de chaleur jamais vu en Arctique.
Les scientifiques ont découvert une soixantaine de boucles qui amplifient et accélèrent un réchauffement climatique (boucles à rétroaction) ; il y a aussi des boucles à rétroaction qui refroidissent le climat en période de glaciation, mais même la prochaine période glaciaire prévue pour dans 30 000 à 50 000 ans ne se produira pas à cause de notre insouciance. En plus, la décomposition de la matière organique produit de la chaleur, un accélérateur de plus nommé «la bombe compost».
N.B. Les boucles à rétroaction positives réchauffent le climat, les négatives le refroidissent.

Souvenez vous que pour chaque degré de réchauffement causé par les gaz à effet de serre, il s’ajoute assez de vapeur d’eau pour doubler le réchauffement : 1° devient 2°, un truc souvent oublié ou ignoré.

Une des plus dangereuses boucles à rétroactions est possiblement la «bombe méthane». Si le méthane s’enflamme à la sortie, ça ne fait que du CO2, sinon, le méthane est un puissant gaz à effet de serre et pourrait multiplier et accélérer de beaucoup le réchauffement climatique.
« Nous sommes la cause du réchauffement climatique, nous devons maintenant être la solution» et j’ajouterais «coûte que coûte».

Quelques boucles à rétroactions du système climatique

  • La diminution des banquises Arctique et Antarctique : au lieu de réfracter 94% de la chaleur du soleil, la réduction des banquise permet à 93% de la chaleur de pénétrer dans les océans ;
  • le réchauffement augmente le nombre et l'intensité des feux de forêts qui émettent du CO2 et accélèrent le réchauffement ;
  • la chaleur assèche les sols ce qui fait mourir la végétation qui dégage du CO2 ;
    le réchauffement fait fondre les glaciers qui ne reçoivent plus assez de neige, fondent en exposant du sol, ce qui accélère aussi le réchauffement
  • le réchauffement provoque de l'évaporation et la vapeur d'eau est aussi un puissant gaz à effet de serre (la vapeur d'eau ne tient pas plus de 12 jours et tombe sous forme de précipitations, mais le réchauffement la remplace en continu
  • la glace qui fond dégage aussi de la chaleur
  • le réchauffement fait fondre le pergélisol qui dégage soit du CO2 (si de l'oxygène est présente), soit du méthane dans le cas contraire

Et il y en aurait une soixantaine de ces boucles à rétroactions d'identifiées.
 
Les seules exemples d’une surdose de CO2 et/ou du méthane ont résulté en des extinctions, certaines massives (plus de 50% des espèces ont disparu à jamais.

Une chanson de circonstances...

Chaque année dans le monde, 5 300 milliards de nos dollars sont dépensés par les États pour soutenir les énergies fossiles, selon les estimations du Fonds monétaire international (Article source)

ABSOLUMENT INSENSÉ!!!

La maison Blanche était à la COP23 pour promouvoir le charbon, le gaz naturel (méthane) et le nucléaire.

Vidéo en Anglais : https://www.youtube.com/watch?v=EcbRyJQVLKU
Des protecteurs-activistes bien intentionnés sont allés y faire une petite protestation... Donc, Trump et ses acolytes les poursuivent en justice pour terrorisme!!!
Qui sont les véritables terroristes dans cette histoire??? (et dans bien d'autres).

P.S. Si vous désirez comprendre pourquoi les pôles se réchauffent plus vite, voir cet article antérieur.

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Si c'est pas toi, qui? Si pas maintenant, quand?
Le temps nous manque : 25 ans d'inaction et de promesses vides et de faux semblants de la part des élus. La survie de vos enfants et petits enfants dépend désormais de vous, ainsi que celle de millions d'espèces animales et végétales.
Comment faire partie de la solution...
Ça commence par moi

jeudi 9 novembre 2017

Nourrir l’Europe en temps de crise (sans fin)

Un article de Michel-Pierre Colin

Pablo Servigne vient de ré-éditer son livre (de 2014) en le complétant. Les impacts du changement climatique sur l’agriculture et l’alimentation industrielle sont aujourd'hui directement palpables par le citoyen dans le circuit de distribution alimentaire dont il dépend. En voici quelques extraits choisis :

Le système alimentaire industriel actuel “est conditionné par deux postulats : une disponibilité illimitée en énergies fossiles bon marché et une stabilité du climat.”

“Or, ces deux postulats sont aujourd’hui remis en cause, ce qui permet, au moins, de se poser la question de la viabilité de tels systèmes alimentaires. Il ne s’agit pas uniquement d’un problème d’agriculture : la sécurité alimentaire de l’Europe dépend presque entièrement du système industriel dans son ensemble, c’est-à-dire, pour la voir de manière verticale, toute la filière allant du champ à la décharge en passant par le supermarché et l’assiette.”

“Dans cette optique, il devient assez évident que continuer des politiques de statu quo met en danger la stabilité et la pérennité du système alimentaire industriel, autrement dit, rien moins que la survie de notre civilisation.”

“La FAO estime à 850 millions le nombre d’êtres humains sous-alimentés ; à deux milliards ceux qui souffrent de malnutrition.”

“L’agriculture devra désormais être cadrée par deux principes fondamentaux : restaurer les écosystèmes et se limiter uniquement aux énergies renouvelables.”

“La transition est vue ici comme le passage d’un système industriel dominant à de multiples systèmes très divers, plus autonomes en énergie, plus simples et plus locaux.”

“Mais surtout, la mise en place d’une grande politique de transition rapide, coordonnée, volontariste – et forcément linéaire – ne doit pas faire oublier la création de forces opérationnelles (task forces) travaillant sur des scénarios de catastrophes. Prévoir les deux est un facteur primordial de résilience.”

“L’Europe est quant à elle entièrement dépendante des importations de phosphore, ce qui pose un grave problème de sécurité alimentaire.”

“L’Europe, malgré des technologies qui dissimulent les véritables causes de l’épuisement des ressources, est l’une des régions du monde les plus exposées (par sa densité de population) à des risques de pandémie et de perte de biodiversité causées par des pénuries d’eau ou des pollutions.”

“Mais on ne se relève pas aussi aisément de la fin des énergies fossiles ou d’un climat déstabilisé, de même qu’on ne peut faire revivre les espèces disparues. Les crises économiques sont des problèmes pour lesquels il existe des solutions. Les autres crises ne sont pas des problèmes : ce sont des situations difficiles (predicament en anglais) pour lesquelles il n’y a pas de solutions ; seulement des chemins à emprunter et des mesures à prendre pour s’y adapter.”

“Au niveau politique, en cas de grave récession, la destruction de la biodiversité et le réchauffement climatique sont relégués au dernier rang des priorités (comme on le constate à l’heure actuelle), ce qui aggrave les conséquences désastreuses qu’ils ont déjà sur notre société et notre économie.”

“Il est ainsi très probable que la première étincelle vienne du monde de la finance et de l’économie (probablement causée par un problème énergétique), et déclenche une réaction en chaîne qui se propagera rapidement à toute l’économie mondiale, favorisant des décisions politiques qui iront aggraver les crises des systèmes naturels… ce qui en retour précipitera l’effondrement de l’ensemble du système économique. Or un choc économique déstabilise les systèmes alimentaires industriels, car sans pétrole ni gaz naturel bon marché, il devient très difficile d’irriguer, d’extraire des phosphates, de fabriquer de l’engrais azoté et de distribuer la nourriture rapidement.”

“En général, pour les écosystèmes, les seuils sont atteints à partir de 50 à 90 % de la surface dégradée. Au-delà, ce qu’il reste de l’écosystème se détériore très rapidement et de manière irréversible. L’interaction entre les crises globales augmente donc considérablement les chances de dépasser un seuil critique qui mènera à des changements globaux. Il se peut même que nous soyons très proches d’un seuil critique irréversible à l’échelle de la planète.”

“C’est vers la création de petits systèmes résilients que nous nous dirigerons. Ce ne sera évidemment pas chose facile, mais les sentiers ont déjà été tracés par de nombreuses expériences très concrètes. Elles demeurent cependant assez invisibles aux yeux du grand public et des décideurs politiques. L’hypothèse de ce livre est qu’avec ce nouveau cadre de pensée systémique, couplé à une pensée de la résilience, elles deviendront alors perceptibles et crédibles et, pourquoi pas, désirables. Si ces expériences pionnières deviennent visibles pour tous, alors il est possible d’entrevoir de nouveaux avenirs.”

“Mais tant que les prix de l’énergie resteront artificiellement bas et que les coûts environnementaux ne seront pas pris en compte, la logique économique obligera à préférer ce système globalisé plutôt que la production locale. Le principal facteur déclencheur d’un renversement de tendance est donc très probablement le prix et la disponibilité de l’énergie.”

“En bref, produire, transformer et consommer localement de la nourriture augmente la sécurité alimentaire des régions, créé des emplois locaux et réduit la consommation d’énergies fossiles (et par conséquent l’impact sur le climat). Mais la localisation doit rester un chemin et ne pas devenir un dogme.”

“La vulnérabilité des monocultures aux maladies et aux ravageurs a été largement démontrée. Les systèmes agricoles d’avenir seront donc logiquement tournés vers de la polyculture, combinant plusieurs espèces végétales (associations culturales), des grandes cultures et des arbres (agroforesterie), et même un mélange de cultures, d’arbres et d’animaux (agroécologie et permaculture). Ainsi, les agroécosystèmes gagneront en biodiversité et en hétérogénéité, ce qui diminuera leur vulnérabilité face aux maladies et aux perturbations climatiques.”

“Au début de la chaîne, le système industriel doit s’approvisionner en grandes quantités de matières premières, et à l’autre bout de la chaîne, il rejette beaucoup de déchets. Pour résoudre ces deux problèmes à la fois, il est indispensable d’abandonner une vision linéaire du système et de fermer les cycles : les déchets des uns sont la matière première des autres.”

“Une activité agricole d’avenir est condamnée à être responsable non seulement de la production alimentaire, mais aussi de la restauration des fonctions des écosystèmes.”

“Il existe, en plus du système industriel dominant, trois autres types de systèmes alimentaires alternatifs : les systèmes domestiques (de type familial), les systèmes de proximité (circuits courts), et les systèmes vivriers territoriaux (grandes ceintures autour des villes).”

“Bien évidemment, une politique de résilience implique de miser sur ces trois systèmes alimentaires simultanément, et de les renforcer avant les chocs systémiques !”

“Repenser l’alimentation des villes oblige inévitablement à protéger et à stimuler l’agriculture périurbaine. Pour mettre en place une transition rapide et efficace vers l’après-pétrole, on peut d’ores et déjà imaginer des projets ambitieux autour des villes.”

“L’idée centrale qui doit guider la conception des alternatives émergentes est de veiller à rester fonctionnel même en cas de rupture temporaire d’approvisionnement en énergie (pétrole, électricité, etc.) ou en matériaux.”

“S’il n’y a plus d’importations d’énergie fossile vers l’Europe et si, par conséquent, les principales sources d’énergie deviennent le solaire, la biomasse et l’éolien, il apparaît évident que le rôle de producteur d’énergie reviendra aux zones rurales.”

“Avant la révolution industrielle, les systèmes agricoles et forestiers étaient les principaux producteurs primaires d’énergie, mais depuis la révolution industrielle, ils sont tous devenus des “usines” à convertir le pétrole en nourriture, c’est-à-dire des gouffres énergétiques !”

“Il y a urgence à former très rapidement et à grande échelle des nouveaux paysans, forestiers, éleveurs et maraîchers et à envisager une conversion rapide et planifiée d’une grande partie de la population active vers l’agriculture.”

“Les paysans du futur sont donc déjà nés, mais ils ne savent pas encore qu’ils seront paysans ! Non seulement ils seront nombreux, mais leur travail sera intensif en connaissances. Ils intégreront les dernières découvertes en écologie, ainsi que les innovations agroécologiques, et les combineront à certains savoirs d’antan. Cette grande quête des savoirs que possédaient nos ancêtres, le mouvement de la Transition l’appelle “la grande requalification” – the great reskilling. Il est évidemment indispensable de la démarrer dès aujourd’hui et à grande échelle.”

“Le climat est un paramètre qui va redessiner les paysages et les systèmes alimentaires. Nous avons, malheureusement, très peu de prises sur lui. Il faudra donc augmenter ou restaurer la capacité des agroécosystèmes à “encaisser” des écarts climatiques importants sur une courte période (sécheresses, températures extrêmes, ouragans, inondations, etc.) et à naviguer par temps incertain. S’il y a un exercice d’implémentation des principes de résilience à ne pas manquer, c’est bien celui-là.”

“Maintenir l’actuel système n’est tout simplement pas une option à long terme. Seule la durée de la transition et les stratégies à mettre en place pour effectuer cette transition devraient faire l’objet de débats.”

“Les dernières conclusions du GIEC le confirment, validant ainsi la première partie du présent rapport : nos systèmes alimentaires industriels risquent des ruptures irréversibles et systémiques dans les prochaines années.”

“Nous sommes entrés dans le temps de la construction urgente de systèmes résilients. Cette transition créera un monde plus décentralisé et une multitude très hétérogène d’économies locales bien plus autonomes. Nous allons bien vers une régionalisation de l’Europe. Les chaînes d’approvisionnement seront plus courtes, les productions agricoles plus diversifiées et l’agriculture, qu’elle soit urbaine ou rurale, sera intensive en main-d’œuvre et en connaissances, mais sobre en énergie.”

“Au niveau global, l’important est de ne pas ignorer les catastrophes qui sont en train d’avoir lieu, de mettre en place une transition aux objectifs à moyen terme très forts (2020-2030), et en parallèle de prévoir la possibilité d’une rupture systémique globale. Ceci n’est pas une conclusion isolée, elle fait écho à une multitude de travaux scientifiques récents effectués par des chercheurs de plus en plus inquiets. Son absence dans les médias et dans les débats tient au fait que nous n’aimons pas entendre de mauvaises nouvelles, aussi rationnelles soient-elles.”

“Ainsi, aujourd’hui, l’utopie a changé de camp. Être utopiste consiste à croire que tout peut continuer tel quel. Ce business “as usual” est peut-être désirable et confortable pour certains, mais il n’aura pas lieu. Nous avons la certitude qu’une politique de statu quo mène à une impasse et à des bouleversements qui dépassent l’entendement. Le réalisme, c’est de mettre toute l’énergie qui nous reste dans cette transition rapide et radicale. L’action est l’unique manière que nous ayons de sortir de cette position d’inconfort, elle redonne espoir et apporte quotidiennement des satisfactions qui nous maintiennent optimistes.”

Ce livre est complété par une postface de OLIVIER DE SCHUTTER, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation (2008-2014) :

“Je remercie Pablo Servigne de me fournir l’occasion de dire tout l’intérêt que présente son ouvrage pour orienter la transition de nos systèmes alimentaires afin de sortir de l’impasse actuelle. Le XXe siècle fut celui des économies d’échelle, de la poursuite à tout prix de la compétitivité et de l’efficience et de l’uniformisation des solutions. Notre siècle est celui de la prolifération des initiatives à plus petite échelle, qui favorise la résilience à travers la diversité : Pablo Servigne nous y fait entrer.”